En 2020, la Terre a tourné (un peu) plus vite sur elle-même

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Crédits : ColiN00B/Pixabay

Après avoir ralenti pendant des décennies, la vitesse de rotation de la Terre a de nouveau accéléré l’année dernière. En 2020, les jours ont en moyenne été plus courts de 0,05 milliseconde.

La Terre tourne aujourd’hui un peu plus de 365 fois sur son axe le temps de compléter un tour du Soleil. Ceci dit, grâce à l’analyse de la croissance des coraux anciens, qui développent une fine couche de carbonate de calcium chaque jour, nous savons que ça n’a pas toujours été le cas. Il y a 444 à 419 millions d’années, par exemple, la Terre opérait 420 tours complets sur elle-même le temps d’enrouler notre étoile. Depuis, sa vitesse de rotation a régulièrement ralenti, principalement à cause de (ou grâce à, c’est selon) l’éloignement progressif de la Lune. Et les durées du jour s’allongent inexorablement.

En outre, d’autres facteurs peuvent également influencer la rotation de la planète. Citons les variations de la pression atmosphérique, les vents, les courants océaniques ou encore les mouvements du noyau terrestre. Ces changements nous semblent imperceptibles à notre échelle. En revanche, ils doivent être pris en compte de manière à pouvoir ajuster les horloges atomiques ultra-précises permettant de mesurer le temps universel coordonné (UTC) selon lequel chacun règle ses horloges.

Seconde intercalaire positive

Lorsque l’heure astronomique, définie par le temps qu’il faut à la Terre pour effectuer une rotation complète, s’écarte de l’UTC de plus de 0,4 seconde, les chercheurs opèrent un ajustement. Jusqu’à présent, ces ajustements ont consisté à ajouter une « seconde intercalaire » à la fin du mois de juin ou de décembre, de manière à ré-aligner le temps astronomique et le temps atomique.

Ces secondes intercalaires ont été « ajoutées » du fait la tendance générale de la rotation de la Terre a ralentir depuis le début des mesures précises par satellite à la fin des années 1960. Dès 1972, les scientifiques ont commencé à ajouter des secondes intercalaires environ tous les ans et demi, en moyenne, selon le National Institute of Standards and Technology (NIST). La dernière fois, c’était en 2016.

Cette année 2020, en revanche, s’est visiblement démarquée (surprenant ?). D’après une récente étude, les 28 jours les plus rapides jamais enregistrés (depuis les années 1960) se sont en effet tous déroulés l’année dernière, la Terre opérant en moyenne ses révolutions autour de son axe environ 0,05 milliseconde plus rapidement. Le jour le plus court de 2020, le 5 juillet, a vu la Terre effectuer une rotation sur elle-même 1,0516 milliseconde plus rapidement que les 86 400 secondes normalement prévues.

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Une nuit sur la Terre. Crédits : Free-Photos/pixabay

Seconde intercalaire négative

Cette récente accélération de la rotation de notre planète amène donc les scientifiques à parler pour la première fois de « seconde intercalaire négative ». Autrement dit, au lieu de rajouter une seconde, nous devrons peut-être en soustraire une.

« Il est fort possible qu’une seconde intercalaire négative soit nécessaire si le taux de rotation de la Terre augmente encore. Toutefois, il est encore trop tôt pour dire si cela est susceptible de se produire », a déclaré au Telegraph le physicien Peter Whibberley du National Physics Laboratory au Royaume-Uni. C’est le Service international de rotation de la Terre et des systèmes de référence (IERS), à Paris, qui devra le déterminer.