Comment le virus Zika peut-il rétrécir le cerveau ?

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Une équipe de chercheurs a enfin trouvé la raison expliquant la manière dont le virus Zika est responsable du risque de naissance d’enfants au cerveau atrophié. Cette avancée permet d’envisager l’élaboration de traitements pour les personnes infectées.

Depuis 2015, plus de 2 millions de personnes ont été infectées par le virus Zika, rien qu’au Brésil. Cette épidémie fait suite à d’autres qui se sont produites en Micronésie (2007), en Polynésie française (2013) et en Nouvelle-Calédonie (2014). Or depuis 2013, diverses études ont fait le lien entre la fièvre résultant de la contamination par le virus Zika chez les femmes et les microcéphalies, c’est-à-dire les cerveaux atrophiés chez les nouveau-nés.

Alors que cette maladie est apparue pour la première fois en 1947 dans la forêt Zika en Ouganda (Afrique), le mécanisme exact conduisant à l’apparition de « mini-cerveaux » restait inexpliqué jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant, une équipe de chercheurs menée par le docteur Laurent Nguyen (Université de Liège, Belgique) et le professeur Marc Lecuit (Institut Pasteur, France) a enfin élucidé ce mystère par le biais d’une étude publiée dans la revue Nature Neuroscience le 11 décembre 2017.

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Selon les scientifiques, le virus Zika traverse la barrière placentaire, composée de structures séparant le sang maternel du sang fœtal, puis s’installe dans les cellules souches cérébrales du fœtus. Ainsi, le virus altère la balance biologique de production des neurones par les cellules souches.

Il faut savoir que lorsque le cortex cérébral se développe chez l’embryon, les cellules souches opèrent habituellement une neurogenèse directe en produisant une autre cellule souche et un neurone. Ensuite se produit une neurogenèse indirecte, consistant en la création d’une cellule souche et d’un progéniteur intermédiaire et c’est cet intermédiaire qui va rendre la production des neurones exponentielle .

Ainsi lorsque le virus Zika s’installe et se réplique, celui-ci force la neurogenèse directe plutôt que la neurogenèse indirecte, ce qui explique une quantité de neurones bien moins importante chez un fœtus infecté. Des expériences menées chez des souris à qui l’on a inoculé le virus Zika ont permis de supprimer les microcéphalies à l’aide de modulateurs pharmacologiques, donnant l’espoir de voir apparaître un jour des traitements à destination des humains.

Sources : Science & VieLe Figaro