De recherches récentes menées en Chine ont permis un progrès dans la compréhension d’un phénomène très étonnant. Un virus s’attaque à une espèce de chenilles, affectant la vision des individus. Les insectes modifient ainsi leur comportement et font face à la mort, évidemment de manière involontaire.
Un lien étroit avec la phototaxie
Le virus de la polyédrose nucléaire (VPN) affecte les insectes, principalement les papillons. Par ailleurs, ce même virus entre dans l’élaboration de pesticides ayant pour but de traiter des cultures infestées par les insectes sensibles. Selon la communauté scientifique, le VPN existe depuis des centaines de millions d’années et s’attaque en particulier aux chenilles d’une espèce de papillon en particulier : la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera).
Habituellement, les chenilles se dirigent vers la terre afin de se transformer en papillon. À l’inverse, les individus infectés par le VPN auront tendance à grimper le long des plantes et ainsi se mettre en danger de mort. Une étude chinoise publiée dans la revue Molecular Ecology le 8 mars 2022 donne davantage de détails concernant ce processus assez méconnu. Selon les scientifiques de l’Université Agronomique de Chine, le processus est en lien avec la phototaxie. Il s’agit du réflexe que peuvent avoir certaines espèces par rapport à la lumière. Nous parlons ainsi de phototaxie positive dans le cas des individus se dirigeant vers la lumière et de phototaxie négative pour ceux qui s’en éloignent.
Un virus qui détourne la vision des insectes
Dans le cadre de leurs recherches, les chercheurs ont effectué des tests incluant le HearVPN, un type de VPN particulier. Selon les résultats, le virus agit sur la phototaxie des chenilles en détournant leur perception visuelle. Ainsi, les insectes infectés se dirigent vers le haut des plantes pour chercher la lumière. Malheureusement, ce comportement cause leur mort.
En 2018, une autre étude chinoise formulait déjà cette théorie. Or, les recherches les plus récentes ont confirmé cette même théorie à l’aide de lumières LED. Il s’avère que les chenilles déjà aveugles avant leur infection étaient moins affectées que les chenilles qui n’avaient aucun problème de vision à l’origine. De plus, les scientifiques ont identifié les gènes activés par le virus et leurs observations ont montré qu’il utilise l’attirance innée des insectes pour la lumière afin de la retourner contre eux.
Selon les chercheurs, il subsiste cependant encore une zone d’ombre. En effet, personne ne sait en quoi le comportement d’escalade des chenilles peut profiter au VPN. Toutefois, les scientifiques supposent que la mort de l’insecte au sommet de la plante pourrait être bénéfique au virus, ce dernier ayant ensuite la possibilité de se diffuser plus aisément à l’aide du vent ou de certains prédateurs.