Il y a peu, un adolescent de quatorze ans a été retrouvé mort, terrassé par le virus Nipah. Observé pour la première fois en 1998 en Asie du sud-est, ce virus a refait surface en Inde il y a moins d’un an. Qu’est-ce que ce virus et existe-t-il des risques à l’échelle mondiale ?
Une centaine de décès en 1998
Situé dans le sud-ouest de l’Inde, l’état du Kerala a vu un de ses habitants, un adolescent âgé de quatorze ans, emporté par le virus Nipah (NiV). Le ministère de la santé indien a affirmé qu’environ soixante autres personnes présentaient d’importants risques. Elles ont donc fait l’objet de mesures comprenant un isolement et des tests. Dans toute la province, les 35 millions d’habitants ont été priés de porter le masque dans les lieux publics et d’éviter toute visite à des proches hospitalisés.
Le virus en question n’est pas nouveau. Il avait en effet fait une première apparition en 1998 dans le village de Nipah en Malaisie. Les autorités avaient alors identifié un animal qui faisait office d’hôte intermédiaire : le porc. Résultat : pas moins d’un million de bêtes ont été abattues et environ 300 cas humains ont été recensés pour plus d’une centaine de décès.
Toutefois, il faut savoir que depuis 1998, l’adolescent récemment décédé n’est pas la seule victime récente du virus Nipah. En effet, il avait refait surface en septembre 2023, toujours dans le Kerala, en contaminant six personnes pour deux décès. La région avait également été touchée en 2018, puis en 2021 par le virus Nipah.
Un virus présent dans plusieurs pays
À l’origine de la transmission du virus vers les porcs puis les humains, nous retrouvons les chauves-souris frugivores. Toutefois, l’agent se répand également grâce au contact avec une personne infectée ainsi qu’avec l’ingestion d’aliments contaminés. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a ainsi classé le NiV comme agent pathogène prioritaire en raison de son potentiel épidémique. Rappelons également qu’il n’existe aucun vaccin ou traitement. Du côté des symptômes, évoquons principalement des infections respiratoires aiguës ainsi que des encéphalites potentiellement mortelles.
Depuis la fin de l’année 2023 dans le Kerala, un protocole sanitaire strict qui inclut identification et prise en charge des cas contacts a permis d’éviter une flambée épidémique. En revanche, cette province indienne fait à la fois l’objet d’une urbanisation rapide et d’une déforestation intense, ce qui rapproche l’habitat des animaux de celui des humains et facilite ainsi les contaminations. Par ailleurs, le NiV a été signalé dans plusieurs autres pays ces dernières années, notamment le Bangladesh, le Cambodge, le Ghana, l’Indonésie, Madagascar ou encore les Philippines.
Selon les observateurs indiens, une crise mondiale est possible et prendrait assez peu de temps pour se mettre en place en raison des nombreux voyages et échanges commerciaux. Ainsi, il est nécessaire d’observer le virus Nipah bien plus sérieusement que le SARS-CoV-2 en 2019, bien que ce dernier soit beaucoup plus contagieux.