Imaginez un monde où détecter un virus ne nécessiterait plus des tests complexes ni des équipements de laboratoire sophistiqués. À la place, il suffirait d’écouter le virus et analyser ses vibrations. C’est justement ce qu’ont réussi à faire des chercheurs de l’Université d’État du Michigan. En utilisant une méthode totalement nouvelle, ces scientifiques ont découvert que les virus génèrent des fréquences vibratoires uniques qui peuvent être détectées et utilisées pour les identifier. Cette avancée ouvre la voie à des applications révolutionnaires dans le diagnostic et la détection des virus, sans marquage chimique ni techniques invasives.
Les limites des méthodes actuelles
Aujourd’hui, les virus sont généralement détectés à travers des techniques qui nécessitent des échantillons physiques prélevés directement sur des patients. Le test PCR est par exemple le plus répandu pour identifier la présence d’un virus comme le SARS-CoV-2, responsable du COVID-19. Ce test permet d’amplifier l’ADN viral pour le rendre détectable. Mais son principal inconvénient réside dans le fait qu’il prend du temps et nécessite des équipements sophistiqués.
D’autres méthodes, comme les tests antigéniques peuvent être plus rapides, mais elles ne sont pas aussi sensibles et peuvent donner des résultats erronés. Ces techniques ont donc des limites, notamment en matière de rapidité, de coût et de précision, surtout lorsqu’il s’agit de détecter un virus dans des environnements complexes ou de tester un grand nombre de personnes simultanément, d’où l’intérêt de cette nouvelle approche.
Des chercheurs de l’Université d’État du Michigan ont en effet développé une méthode innovante pour détecter les virus en analysant leurs vibrations naturelles.
Une méthode innovante : écouter les vibrations des virus
Les particules biologiques, comme les virus, émettent des vibrations naturelles qui renferment des informations cruciales sur leur état mécanique et biologique, notamment lorsqu’elles interagissent avec leur environnement et subissent des modifications structurelles. Cependant, détecter et suivre ces vibrations à l’échelle d’une seule particule reste un défi. C’est dans ce contexte que les chercheurs ont recours à une spectroscopie ultrarapide pour observer les vibrations de particules virales uniques et non marquées dans des conditions naturelles.
Dans cette étude, le spectre acoustique d’un pseudovirus lentiviral (80 à 100 nm) a révélé des modes de vibration dans la gamme de 19 à 21 GHz liés à la morphologie du virus. En outre, d’autres modes vibratoires entre 2 et 10 GHz, avec des temps de déphasage à l’échelle de la nanoseconde, ont montré des interactions entre les protéines de l’enveloppe virale. En suivant ces particules pendant plusieurs minutes, les chercheurs ont observé comment ces modes vibratoires se couplaient en fonction de l’environnement local, ce qui a permis de suivre le processus de désassemblage viral.
Plus simplement, contrairement aux méthodes traditionnelles qui reposent sur l’analyse de la composition chimique des virus, cette approche innovante analyse les oscillations vibratoires causées par le mouvement collectif des atomes à l’intérieur du virus. Ces vibrations, influencées par la structure du virus et son environnement, forment une sorte d’empreinte digitale vibratoire qui est propre à chaque type de virus.
Ce processus permet de détecter les vibrations de virus individuels sans manipulation chimique ou marquage. L’étude a révélé que ces vibrations se manifestent à des fréquences extrêmement élevées, dans les gigahertz, bien au-delà de la portée de l’oreille humaine. Cette capacité permet aux scientifiques de différencier les virus entre eux et de repérer des effets subtils dus à des changements environnementaux.

Les applications possibles : un diagnostic rapide et précis
Une des applications les plus prometteuses de cette découverte est la détection rapide des virus. En utilisant cette méthode, il serait possible de développer des capteurs capables de scanner l’air, de détecter la présence de virus et de les identifier en temps réel. Ce type de technologie pourrait être particulièrement utile dans les lieux publics, les hôpitaux, ou même dans les transports en commun où la détection rapide de virus est cruciale.
En outre, la méthode ne nécessite aucune manipulation chimique des échantillons et peut être réalisée dans des conditions ambiantes, ce qui en fait une approche beaucoup plus rapide et moins coûteuse que les méthodes actuelles. Cela pourrait également réduire les risques d’erreurs humaines ou de contamination, tout en offrant des résultats immédiats, voire en temps réel.