Violente collision évitée de peu entre l’iceberg A-74 et la barrière de Brunt

Crédits : European Space Agency / Sentinel.

Le 26 février dernier, la barrière de Brunt, ce vaste plateau gelé de 150 mètres d’épaisseur situé au sud de la mer de Weddell, expulsait un gigantesque iceberg de 1270 km².

Nommé A-74, ce morceau de glace est resté extrêmement proche de la plate-forme dont il s’est détaché. En cause, des courants océaniques peu favorables à une dérive vers le grand large. Toutefois, l’apparition de forts vents d’est en début de mois a contraint le mastodonte à transiter vers l’ouest tout en effectuant un virage autour de la pointe occidentale de la barrière de Brunt.

Les images acquises par les satellites d’observation de la Terre montrent qu’au cours de son mouvement, A-74 a dangereusement frôlé la plate-forme mère. Un léger impact a même été rapporté. Sur l’animation présentée ci-dessous, on constate la dérive de l’imposant morceau de glace entre le 9 et le 18 août.

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Crédits : European Space Agency / Sentinel.

Iceberg A-74 et barrière de Brunt : une collision évitée de peu

Selon les chercheurs, une collision plus violente entre l’iceberg et la barrière de glace aurait pu conduire au détachement d’un autre amas de glace de taille similaire voire supérieure. En effet, la plate-forme de Brunt se trouve toujours en situation d’instabilité dynamique avec développements de failles et fissures. Pour l’heure, son ancrage sur le fonds océanique permet de tempérer un tant soit peu la rapidité des évolutions.

Pour ces raisons, en 2016 les experts du British Antarctic Survey installés sur le terrain avaient dû relocaliser leur base de recherche Halley VI à une trentaine de kilomètres vers l’intérieur du plateau, dans une zone jugée plus sûre.

iceberg antarctique
Crédits : équipe Halley / British Antarctic Survey.

« Le morceau en forme de nez de la plate-forme, qui est encore plus grand que l’A-74, reste connecté à l’ensemble, mais à peine », détaille Mark Drinkwater, chercheur à l’Agence Spatiale Européenne. « Si l’iceberg était entré en collision plus violemment avec cette partie, il aurait pu accélérer la fracture du pont de glace restant, provoquant sa rupture. Nous continuerons à surveiller régulièrement la situation à l’aide de l’imagerie satellitaire Sentinel ».

Notons que sur ce cas spécifique, aucun lien clair ne peut être établi avec le changement climatique. Ni d’ailleurs avec le vêlage de l’immense A-76 en mai dernier. « A-76 et A-74 ne sont qu’une partie des cycles naturels des plates-formes glaciaires qui n’avaient rien vêlé de gros depuis des décennies », indique à ce titre Laura Gerrish, chercheuse au British Antarctic Survey. « Il est important de surveiller la fréquence de tous les vêlages d’icebergs, mais tout ceci était attendu pour le moment ».