Un millionnaire étasunien porte un projet inédit, à savoir celui de bâtir une « ville blockchain » en plein désert. Il s’agirait d’une cité utopique complètement autonome échappant à la juridiction de tout État.
La première « ville blockchain » du monde
Le désert du Nevada ou plutôt le désert des Mojaves est une grande étendue désertique d’environ 40 000 km², célèbre pour abriter la ville de Las Vegas et la « vallée de la Mort ». Comme l’explique une publication de l’agence de presse Associated Press du 14 février 2021, un individu désire y bâtir une ville d’un genre nouveau à l’horizon 2100. Jeffrey Berns est un millionnaire de 59 ans à la tête de la société d’investissement Blockchains LLC. Il détient depuis 2018 pas moins de 27 000 hectares de terrain dans le comté de Storey. Son projet de ville devrait prendre forme à une vingtaine de kilomètres de la ville de Reno et compterait 15 000 habitations, des écoles et 3 km² de zones commerciales et industrielles.
La principale caractéristique de cette ville nouvelle est plutôt étonnante. En effet, celle-ci sera gérée par la blockchain (chaîne de blocs), une technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Il s’agira donc de la toute première « ville blockchain » au monde à sortir de terre.
Quels avantages pour les habitants ?
La vision de Jeffrey Berns est la suivante : tout (ou presque) s’appuiera sur la blockchain. Afin d’effectuer leurs achats, une cryptomonnaie sera en vigueur dans la ville. Ceci se fera au moyen d’un compte blockchain par habitant permettant le stockage de données financières, mais aussi médicales et personnelles. Ce même compte servira également à voter. Autre particularité : Jeffrey Berns désire permettre aux habitants d’acheter et revendre de l’électricité entre voisins, toujours par le biais de ces comptes.
Selon le millionnaire, cela constituera un moyen pour ces personnes de reprendre le contrôle de leur identité et de leurs données en ligne sans dépendre d’une quelconque autorité gouvernementale. L’homme n’a d’ailleurs jamais caché le fait de considérer le gouvernement étasunien comme un intermédiaire inutile entre les personnes et leurs idées.
Modifier les lois en vigueur
Dans le cadre de la mise en place de son projet, Jeffrey Berns a fait appel à l’État du Nevada. L’objectif ? Modifier la législation et autoriser des zones d’innovation. Au sein de ces zones, les sociétés devraient bénéficier de pouvoirs identiques à ceux de l’autorité d’un comté. Il serait donc possible pour les zones de lever des impôts, créer leur propre système judiciaire, délivrer des permis de construction ou encore gérer les ressources souterraines telles que l’eau.
Connu pour être un paradis fiscal, le Nevada ou plutôt ses législateurs sont assez curieux et sceptiques face au projet de Jeffrey Berns. il faut dire qu’ils sont plutôt habitués à accorder des déductions fiscales importantes et autres subventions. Rappelons qu’en 2014, le Nevada a attiré l’usine de batteries géantes de Tesla (Gigafactory 1) de cette façon.
Si l’État du Nevada accepte de modifier ses lois, les sociétés disposant d’au moins 20 000 hectares et promettant un investissement d’un milliard de dollars pourraient donc bâtir leur propre ville autonome. Difficile d’imaginer que ce genre de projet puisse réellement aboutir, mais tout semble possible. En tout cas, rien ne permet aujourd’hui de savoir si la nature de ce genre de projet relève de l’utopie ou de la dystopie.