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Le vieillissement de la population : un défi pour la société à bien des égards !

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Grâce à la maîtrise de la fécondité et l’allongement de l’espérance de vie, les personnes âgées sont plus nombreuses et vivent bien plus longtemps. L’Organisation mondiale de la Santé pense que le nombre de personnes de plus de soixante ans devrait doubler entre 2000 et 2050 pour passer de 11 à 22 %, passant ainsi de 605 millions à deux milliards. Or, une population vieillissante représente de nouveaux défis. En quoi l’accroissement du nombre de personnes âgées est-il un défi ? La réponse en trois points non exhaustifs.

Un enjeu, car les personnes âgées sont plus vulnérables

Crédits : Wikimedia Commons/Chalmers Butterfield

Grâce à une meilleure espérance de vie, les générations (si l’on prend le sens sociologique du terme) ont plus de chances de coexister. Or, on peut constater une décohabitation générationnelle et un nombre croissant de personnes vivant seules au profit d’un mode de vie caractérisé par une mobilité géographique et professionnelle accrue ainsi qu’une amélioration des conditions et du niveau de vie des plus de soixante ans.

Par ailleurs, l’OMS a constaté que 4 à 6 % des personnes âgées ont fait face à des maltraitances à domicile. Les institutions qui s’en occupent ne sont pas exemptes : « recours à la contrainte physique à l’encontre des patients, l’atteinte à leur dignité (par exemple en négligeant de changer leurs vêtements souillés) et le manque intentionnel de soins (entraînant par exemple l’apparition d’escarres) ». Dans les pays en développement, le nombre de personnes non autonome devrait être multiplié par quatre d’ici 2050. Pour cause de problèmes pour se déplacer, de fragilité physique ou mentale, la prise en charge pour l’assistance à domicile, les hospitalisations prolongées ou les recours à une residence senior deviendront donc plus importants et induiront une augmentation de la demande de soins aigus et primaires.

Rappelons également que le risque de démence augmente avec l’âge. Selon l’OMS, 25 à 30 % les personnes âgées de 85 ans ou plus sont atteintes d’une certaine forme de déclin cognitif, ce qui représente un défi plus particulièrement dans les pays à revenu faible et intermédiaire où l’accès à des soins appropriés sur le long terme n’est pas une possibilité, surtout sans aide financière publique. En plus de requérir des professionnels mieux formés, tous ces éléments peuvent peser sur les systèmes de retraite et de sécurité sociale.

Un enjeu pour notre économie

Crédits : Pixabay

Cinq jours après les dernières projections démographiques de l’ONU publiées le 22 juin 2017, les économistes de la Banque HSBC avaient publié un document issu de leurs recherches faisant part de leurs inquiétudes quant aux tendances démographiques actuelles et au renouvellement de la population active : « nous devons faire face à un nombre de défis très difficiles dans le monde développé. Le taux de fertilité est trop bas, les populations vivent de plus en plus longtemps et la population active commence à baisser, créant des vents contraires entre la croissance et l’équilibre des finances publiques ».

Selon leurs estimations, la population active baisse d’environ 0.3 % chaque année dans les marchés. Comme ils le rappellent, « les tendances démographiques sont cruciales pour l’économie mondiale. En influençant la croissance, les politiques publiques et à présent les élections, la taille et l’état des populations sont plus importants que jamais […] Moins de travailleurs devrait signifier une croissance ralentie. Le défi immense pour le monde est la hausse en flèche du nombre de retraités sur la prochaine décennie et après ».

Un enjeu pour notre société où les inégalités vont se creuser

Crédits : Pixabay

En France, le revenu moyen des plus de 65 ans est supérieur à celui de l’ensemble de la population, leur permettant ainsi d’avoir une situation plus favorable que les autres groupes d’âge et les personnes âgées des autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où ce revenu est inférieur de 12 % en moyenne. Mais dans un rapport datant d’octobre 2017, l’Organisation évoque ses inquiétudes quant aux tendances sur le marché du travail et le « risque sérieux que les personnes nées à partir du milieu des années 60 et ayant un faible niveau d’éducation connaissent une vieillesse difficile ». Dans ce rapport, les visions concernant les conditions de vieillissement sont donc loin d’être optimistes, notamment sur le plan des égalités.

« L’âge sera vécu de manière radicalement différente » en raison de « l’allongement de la durée de vie, de la diminution de la taille des cellules familiales, du creusement des inégalités tout au long de la vie active et des réformes qui ont réduit les pensions de retraite (…) Certains groupes font face à des risques élevés de pauvreté pendant la vieillesse. » En effet dans le futur, les personnes âgées « vivront plus longtemps, mais elles seront aussi plus nombreuses à avoir connu des épisodes de chômage et des salaires bas, tandis que certaines auront mené des carrières stables et bien rémunérées »

Pour l’OCDE, le seul moyen d’améliorer la situation est de s’attaquer aux inégalités (genre, santé…) de sorte qu’elles ne s’accumulent plus au cours de la vie, ayant ainsi une conséquence sur les revenus et l’espérance de vie. Cela passerait par une éducation plus égalitaire et qualitative pour tous ainsi qu’une meilleure insertion des jeunes défavorisés sur le marché du travail et plus de dépenses de santé pour la prévention ainsi que l’accès à des soins à domicile « abordables pour tous ».

Sources : OMS ; LaTribune ; Europe1 & Alain Parant « Les enjeux du vieillissement de la population », Revue française d’administration publique, vol. no113, no. 1, 2005, pp. 83-95