Est-il possible que des extraterrestres aient déjà repéré la Terre il y a plusieurs centaines de millions d’années lorsque celle-ci n’était pas encore peuplée par l’humanité, mais par des dinosaures ? Un nouvel article suggère que cela pourrait être le cas.
L’importance de l’atmosphère
L’analyse de l’atmosphère d’une exoplanète est essentielle pour déterminer si elle est habitable ou non, car elle joue un rôle crucial dans la création et le maintien des conditions nécessaires à la vie telle que nous la connaissons. Elle joue en effet un rôle clé dans la régulation de la température. La pression atmosphérique est également importante pour la stabilité de l’eau à l’état liquide. Enfin, une atmosphère suffisamment épaisse peut aussi protéger une planète des rayonnements nocifs de l’espace.
La composition chimique des gaz présents à l’intérieur est également essentielle. Par exemple, la présence d’oxygène (O2) et de méthane (CH4) dans l’atmosphère peut indiquer des processus biologiques en cours, car ces gaz sont souvent produits par des organismes vivants. Pour rappel, les gaz absorbent ou diffusent certaines longueurs d’onde de la lumière. Cette propriété est à la base de la spectroscopie qui consiste à étudier les spectres de lumière émis ou réfléchis par des objets célestes. Lorsque nous observons les spectres d’une exoplanète, nous pouvons analyser les caractéristiques spécifiques de la lumière qui ont été altérées par les gaz de l’atmosphère de la planète.
Or, chaque gaz a des empreintes spectrales distinctes, c’est-à-dire des longueurs d’onde particulières auxquelles il absorbe ou émet de la lumière. En mesurant ces empreintes spectrales dans le spectre de l’exoplanète, les scientifiques peuvent alors déterminer la composition chimique de l’atmosphère de la planète. Par exemple, la présence d’oxygène (O2) et de méthane (CH4) dans le spectre peut indiquer la possibilité d’une activité biologique.
L’évolution de l’atmosphère au cours du phanérozoïque
Nous pourrions intuitivement penser que la Terre n’a jamais été aussi détectable par une source intelligente extérieure qu’elle ne l’est actuellement. Après tout, notre monde regorge aujourd’hui de vie, mais ce n’est pas aussi simple. D’ailleurs, un nouvel article rédigé par des scientifiques de l’Université Cornell suggère que la présence de vie sur Terre aurait pu paraître encore plus évidente par le passé.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs se sont concentrés sur l’évolution de l’atmosphère terrestre au cours des 540 derniers millions d’années (phanérozoïque), une période où la vie sur Terre est devenue de plus en plus complexe, passant des micro-organismes aux formes de vie multicellulaires, puis aux dinosaures, etc. Pendant cette période, nous savons que les niveaux d’oxygène dans l’atmosphère de la Terre ont fluctué entre 15 et 30%.
Cette plage est basée sur la connaissance que nous avons des seuils d’oxygène atmosphérique nécessaires pour certaines réactions chimiques. En dessous de 13% d’oxygène, la combustion ne peut par exemple pas se produire, ce qui signifie que les choses ne brûleront pas. Au-delà de 35%, la matière brûlerait si intensément que les forêts ne pourraient pas croître et subsister en raison du risque élevé d’incendies incontrôlables.
Ces niveaux d’oxygène ont des implications pour l’évolution de la vie sur Terre et potentiellement pour la détection de signes de vie sur d’autres planètes, car des niveaux d’oxygène particuliers dans l’atmosphère peuvent influencer les réactions chimiques et l’habitabilité en surface.

Une vie autrefois plus « visible »
Au cours de leurs analyses, les chercheurs ont remarqué que certaines combinaisons de gaz, comme l’oxygène (O2) avec le méthane (CH4), et l’ozone (O3) avec le méthane, pourraient indiquer la présence de vie sur une planète semblable à la Terre, si nous observions cette planète depuis un point éloigné.
Plus important : ils ont également observé que ces combinaisons de gaz pourraient être plus fortes à certains moments que celles que nous observons sur la Terre aujourd’hui, notamment il y a entre 100 et 300 millions d’années. Ces moments correspondent à des périodes où l’oxygène atmosphérique était à des niveaux plus élevés. Rappelons que les dinosaures, dont le règne s’est étalé sur près de 180 millions d’années, ont prospéré au cours de cette période.
Ces observations ont des implications importantes pour la recherche de signes de vie sur d’autres planètes. Si les scientifiques trouvent des exoplanètes avec de tels niveaux d’oxygène et de méthane détectables dans leur atmosphère, cela pourrait indiquer la présence d’une biosphère active, avec des organismes vivants capables de produire ces gaz. Nous pourrions même aller plus loin. Étant donné que les dinosaures ont commencé à prospérer lorsque l’oxygène a culminé à environ 30%, cela pourrait indiquer que si nous trouvons des niveaux aussi élevés sur une autre planète, celle-ci pourrait aussi héberger des créatures du même genre.
Les détails de l’étude sont publiés dans les Avis mensuels de la Royal Astronomical Society.