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Vie sur Mars : que va rechercher Perseverance, précisément ?

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Crédits : NASA

Le rover américain Perseverance se prépare pour son atterrissage prévu ce jeudi. Ses objectifs seront de caractériser la géologie de la planète et son climat passé, mais aussi et surtout de rechercher des traces de vie passée enfouies dans le sol. Mais que va sonder le rover, précisément ?

Le long voyage de Perseverance en direction de la planète Mars touche à sa fin. Lancé en juillet dernier, le rover devrait atterrir ce jeudi 18 février. Une fois sur place, ses objectifs seront de caractériser le site, d’explorer la géologie martienne, de mesurer les propriétés atmosphériques et météorologiques de la planète, mais aussi de rechercher des traces de vie microbienne ayant jadis évolué sur la planète.

Nous savons en effet, grâce aux multiples missions précédentes, que Mars était autrefois habitable, comme la Terre, avant de finalement perdre toute son eau. Ceci dit, il y entre trois et quatre milliards d’années, la vie a peut-être eu le temps d’émerger, de se développer, et de laisser des traces. La mission du rover sera de les sonder. Il pourrait s’agir de signes chimiques directs ou organiques dans la composition et la chimie des roches, comme de preuves texturales dans les archives rocheuses.

Le choix du cratère Jezero

Pendant près de quatre ans, des chercheurs se sont interrogés sur le site approprié. Finalement, la NASA a jeté son dévolu sur le cratère Jezero. Toujours grâce aux missions précédentes, nous savons en effet que cette formation était jadis remplie d’eau. Et qu’à l’entrée de cet ancien grand lac se dessinait un delta fluvial.

Or sur Terre, ces eaux peu profondes favorisent la préservation des molécules organiques en les enterrant très lentement dans les sédiments. Donc, si un delta martien fonctionne de la même manière, et si effectivement il y a eu de la vie dans les anciennes rivières martiennes, alors il est possible que cet environnement ait pu préserver les restes, ou les traces de cette vie microbienne provenant des anciens hauts plateaux, retrouvés au-dessus du cratère.

La présence d’eau mise à part, Mars présentait également plusieurs sources de chaleur (volcans, impacts d’astéroïdes). Bref, il y a dans notre système solaire très peu d’endroits où les traces de vie extraterrestres pourraient être préservées. Le cratère Jezero est l’un d’eux. Il présente également l’avantage d’être « facilement » accessible. Même si, on le rappelle, il est très compliqué de se poser sur Mars.

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Le cercle blanc sur cette photo représente la zone dans laquelle le rover Perseverance de la NASA tentera d’atterrir le 18 février prochain. Crédits : NASA/ESA
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L’ancien delta fluvial du cratère Jezero. Crédits : NASA

Les promesses de la MasterCam Z

La NASA ayant fait le pari d’une mission de retour d’échantillons martiens, les chercheurs ont choisi de retenir non pas des instruments capables de faire les analyses les plus poussées, mais ceux capables d’identifier rapidement et efficacement les portions de sol les plus intéressantes.

Pour ce faire, Perseverance embarque une petite nouveauté : la Mastcam-Z. Il s’agit d’une version améliorée de la caméra équipant Curiosity, dotée d’un zoom permettant un grandissement x 3. Elle comprend également deux objectifs distincts écartés de 24,2 centimètres qui permettront de prendre des photos stéréo très détaillées.

«Tout comme notre œil gauche et notre œil droit construisent une image en trois dimensions dans notre cerveau, les caméras zoom de Perserverance sont un œil gauche et un œil droit. Avec cela, nous pourrons construire une image en trois dimensions de ce que verra le rover sur Terre, lorsque nous obtiendrons ces images», explique Jim Bell, de l’Arizona State University.

Grâce à ces images et aux autres instruments sélectionnés, les chercheurs pourront sélectionner les sites les plus prometteurs. Une fois pré-déterminées, de petites carottes de cinq centimètres de profondeur y seront prélevées pour être analysées par le rover grâce à ses deux spectromètres PIXL et SHERLOC. Il se chargera alors de mettre les échantillons les plus intéressants sous cache en vue de leur futur voyage vers la Terre, où ils pourront être analysés avec une instrumentation de pointe.

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La SuperCam avec sa large ouverture, et en dessous les deux caméras principales de la Mastcam-Z encadrées par deux caméras utilisées pour la navigation. Crédits : NASA/JPL-Caltech/Gregory M. Waigand

Côté calendrier, on ne connaît pas encore les dates précises, mais grossièrement, le déroulé de la mission consistera à envoyer un nouvel atterrisseur sur Mars dès 2026. Une fois posé, celui-ci déploiera ensuite un nouveau rover chargé de récolter les tubes d’échantillons mis de côté par Perseverance. Ces derniers seront alors déposés dans une petite fusée qui viendra ensuite se placer en orbite autour de la planète. Entre-temps, l’ESA enverra une sonde qui viendra récupérer ces échantillons directement en orbite, avant de les ramener sur Terre en 2032.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.