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Une durée de vie plus courte pour les personnes avec une fertilité plus précoce

Dernièrement, des chercheurs américains et chinois ont mené l’étude la plus vaste en ce qui concerne le lien entre la reproduction et la durée de vie. Selon les auteurs, certaines personnes prédisposées à avoir des enfants plus tôt auraient une espérance de vie plus courte. Comment cela est-il possible ?

Fertilité précoce et vie plus courte ?

Si l’espérance de vie varie selon les pays, elle fluctue également au gré de différents facteurs socioéconomiques, comportementaux et alimentaires ou encore des progrès de la santé. Et si être prédisposé génétiquement à être plus précoce en termes de fertilité pouvait faire baisser cette espérance de vie ? C’est cette théorie qu’exposent des chercheurs dans une étude parue dans la revue Science Advances le 8 décembre 2023. Menés conjointement par l’Université du Michigan (États-Unis) et l’Institut des sciences médicales fondamentales de l’Académie des Sciences à Pékin (Chine), ces travaux intègrent les génomes de 276 406 individus provenant de l’imposante base de données britannique UK Biobank.

Rappelons que certaines personnes sont prédestinées génétiquement à avoir des enfants plus tôt dans leur vie. Or, les meneurs de l’étude ont affirmé qu’elles avaient aussi moins de chances de vivre jusqu’à 76 ans. Cela s’explique par des mutations génétiques favorisant une reproduction plus précoce qui seraient responsables d’une vie plus courte. L’étude vient ainsi renforcer une théorie déjà existante : celle de la pléiotropie antagoniste.

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Vers une meilleure compréhension du vieillissement

Pour chacun des centaines de milliers de profils de l’étude, les scientifiques ont calculé un « score polygénique ». Il s’agit ici d’une évaluation de plusieurs variantes génétiques associées à une meilleure santé reproductive. Ainsi, plus le score est élevé, plus la personne a des chances d’être fertile plus longtemps. Après avoir récupéré d’autres informations concernant cette fois la longévité des personnes, les chercheurs ont comparé les données. En conclusion, les individus aux scores polygéniques élevés ont moins de chances d’atteindre les 76 ans.

Potentiellement, certaines variantes génétiques améliorant les attributs reproductifs des patients peuvent aussi augmenter les risques de contracter des maladies. Les scientifiques ont donné l’exemple de la variante rs12203592 associée à certains cancers.

Si tous les secrets du vieillissement ne sont pas encore non résolus, l’étude en question incarne déjà la première preuve solide de pléiotropie antagoniste et elle soutient par ailleurs en partie la théorie de l’évolution du vieillissement. Ces recherches ainsi que d’autres à venir devraient toutefois permettre de mieux comprendre les raisons du vieillissement humain.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.