Vous croyez en la vie extraterrestre ? Vous n’allez pas aimer cette étude

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Nébuleuse de la Rosette. Crédit : NASA/CHRIS hETLAGE

Des recherches suggèrent qu’un facteur que nous pensions être un atout pour le développement de la vie (une teneur élevée en métaux dans les étoiles hôtes) pourrait en fait être nocif. Si tel est le cas, cela indique que nous avons concentré nos recherches aux mauvais endroits. Plus inquiétant encore, cela signifie que les perspectives de vie extraterrestre pourraient être en déclin permanent. Explications.

Étoiles riches et pauvres en métaux

La composition de l’univers primitif était assez « simple » : beaucoup d’hydrogène, un peu d’hélium et un peu de lithium. Les premières étoiles étaient donc entièrement constituées de ces trois éléments, produisant d’autres éléments légers au cours de leur vie, puis des éléments plus lourds au moment d’exploser. Ces derniers éléments (que les astronomes appellent métaux) se sont ensuite propagés à travers les galaxies pour être intégrés dans les futures générations d’étoiles, et ainsi de suite.

Ainsi, en résumé, les étoiles les plus pauvres en métaux sont très anciennes, tandis que les étoiles riches en métaux sont plus jeunes.

Les étoiles pauvres en métaux intéressent particulièrement les chercheurs, car elles leur permettent de faire de l’archéologie cosmique. Autrement dit, leur étude permet d’appréhender les conditions qui régnaient pendant la jeunesse de notre univers.  En revanche, elles n’ont jamais vraiment été considérées dans le cadre de la recherche de vie extraterrestre. On part en effet du principe qu’une étoile très pauvre en métaux ne peut abriter que des planètes pauvres en métaux également. En d’autres termes, cela signifie que des géantes gazeuses comme Jupiter sont beaucoup plus susceptibles d’être présentes que des planètes rocheuses comme la Terre. Les mondes riches en métaux (ce qui pour les astronomes comprend l’oxygène, le carbone et le silicium) se retrouveraient ainsi davantage autour des étoiles qui en contiennent également.

Cependant, une étude publiée dans Nature Communications suggère que nous pourrions avoir eu tort de ne pas les prendre en considération.

Couche d’ozone

La vie terrestre sur Terre dépend de nombreux facteurs complexes, mais l’un des plus essentiels est la présence d’une fine couche d’ozone. Celle-ci permet essentiellement de filtrer la lumière solaire ultraviolette qui, on le sait, n’est pas vraiment compatible avec la vie telle que nous la connaissons, car elle cause des dommages à l’ADN.

Étant donné l’importance de cette couche d’ozone pour le vivant, une équipe dirigée par le Dr Anna Shapiro, de l’Institut Max Planck pour la recherche sur le système solaire, s’est intéressée aux propriétés que devaient avoir une étoile pour que ses planètes en forment une.

Les chercheurs ont alors découvert que les étoiles pauvres en métaux émettent plus de rayonnement UV que leurs homologues riches en métaux. Cela pourrait amener à confirmer qu’elles sont donc moins susceptibles d’avoir de la vie autour d’elles. Toutefois, rappelons que les rayons UV sont classés en trois types : les rayons UVA, UVB et UVC. Dans notre atmosphère, l’ozone est formé par l’action de la lumière UV-C sur les molécules d’oxygène (O2), mais dégradé par les UV-B. Or, il ressort ici que ce rapport crucial est visiblement beaucoup plus favorable dans les étoiles pauvres en métaux.

« Contrairement aux attentes, les étoiles pauvres en métaux devraient donc offrir des conditions plus favorables à l’émergence de la vie », notent ainsi les auteurs. Si l’on en croit ces travaux, notre Soleil pourrait en quelque sorte faire figure d’exception.

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L’amas d’étoiles globulaire NGC 6440. Crédits : NASA, ESA, C. Pallanca et F. Ferraro, M. van Kerkwijk

Mauvaise nouvelle

Ces résultats sont importants, car ils permettront d’aiguiller plus précisément les efforts de recherche de vie extraterrestre. En effet, il se pourrait que nous ayons depuis le début ciblé les mauvaises étoiles ou du moins pas les plus susceptibles d’abriter la vie.

Les étoiles les plus anciennes de notre galaxie (donc celles pauvres en métaux) se trouvent généralement dans sa partie centrale, au sein d’une région appelée le bulbe galactique. À l’inverse, les étoiles situées dans les bras spiraux de la Voie lactée sont plus jeunes, car ces régions ont été formées plus tard à partir du gaz et de la poussière rejetés par ces premières étoiles depuis le centre. Or, nous savons que ce bulbe galactique est incroyablement dense. Ici, les interactions entre étoiles sont donc très fréquentes, ce qui pourrait empêcher le développement, voire la formation de la vie extraterrestre.

Par ailleurs, rappelons que plus l’univers se développe, plus les étoiles pauvres en métaux disparaissent. Ainsi, il ressort que nos meilleures chances de pouvoir découvrir une vie extraterrestre sont peut-être derrière nous.