Aux États-Unis, un institut de recherche explique avoir recréé une partie du processus autoréplicatif de l’ARN, une molécule qui joue un rôle essentiel dans la transmission de l’information génétique.
Copier d’autres molécules d’ARN
Rappelons tout d’abord que l’acide ribonucléique (ARN) est une molécule biologique dont la structure moléculaire est très proche de celle de l’acide désoxyribonucléique (ADN). En effet, il est formé d’une seule chaîne hélicoïdale de structure analogue à l’une des deux chaînes qui constituent l’ADN. Or, l’ARN permet à l’ADN de commander la synthèse des molécules organiques.
L’Institut Salk à San Diego (États-Unis) a récemment déclaré avoir recréé une partie du processus autoréplicatif de l’ARN. Selon les responsables de l’étude, cette avancée présentée dans la revue PNAS le 4 mars 2024 est remarquable. Cependant, il faut savoir que la molécule n’est pas autoréplicative comme c’est le cas d’une vraie. Ainsi, elle ne peut pas être considérée comme étant vivante. Néanmoins, la molécule des scientifiques est capable de copier d’autres molécules d’ARN.
« Si l’ARN créé est capable de se répliquer lui-même, alors on pourrait le considérer comme vivant. Cela démontre comment la vie pourrait naître dans un laboratoire ou, en théorie, partout dans l’Univers. », a déclaré Gerald Joyce, président de l’Institut Salk dans un article du Washington Post.

Des travaux prometteurs, voire fondamentaux
Nous sommes encore très loin de voir un être vivant, même monocellulaire, naître d’une éprouvette. De plus, le processus de réplication est difficile à mettre en place. Effectivement, si l’ARN copié est trop fidèle à la source, les variations nécessaires à l’évolution selon Charles Darwin ne seront pas possibles. Une copie trop imparfaite impliquera quant à elle une perte d’informations génétiques, et donc une instabilité génétique.
Dans l’objectif de contourner ces obstacles, les chercheurs de l’Institut Salk ont élaboré une molécule spéciale capable de copier un type d’ARN en particulier : l’ARN marteau. Ce dernier peut effectuer des « coupures moléculaires », autrement dit des modifications de cellules en sectionnant leurs liaisons chimiques. Les chercheurs ont ainsi pu assurer une certaine précision du processus de réplication et une stabilité suffisante au niveau des copies successives. Pour les scientifiques, ces recherches pourraient servir de modèle théorique afin de comprendre comment l’autoréplication pourrait être améliorée à l’avenir. Ainsi, ces travaux devraient être très prometteurs pour le futur de la recherche dans ce domaine.
Enfin, ces travaux pourraient devenir fondamentaux en ce qui concerne la théorie de l’origine de la vie basée sur l’ARN. Rappelons que dans les années 1960, plusieurs scientifiques, dont Leslie Orgel, membre de l’Institut Salk, avaient suggéré que la vie avait commencé avec un « monde de l’ARN ». Il s’agit ici d’une ère hypothétique dans laquelle de petites molécules d’ARN filandreuses régnaient sur la Terre primitive et établissaient la dynamique de l’évolution darwinienne.
