Comment la vie est-elle apparue ? Grand mystère. C’est même l’un des plus grands mystères de la science d’ailleurs. Et si nous avions enfin trouvé la réponse ? Des chercheurs canadiens concluent en effet que la vie sur Terre serait d’abord apparue dans de petits étangs chauds bombardés de météorites il y a environ quatre milliards d’années.
L’hypothèse des « étangs chauds » n’est pas complètement nouvelle. Dans les années 1870, le naturaliste Charles Darwin avait déjà suggéré que les mares et étangs chauds étaient les lieux de reproduction des premières formes de vie. Cette nouvelle recherche tend à confirmer cette hypothèse avec des données plus précises. Elle suggère également que la vie serait apparue sur Terre plus tôt qu’on ne le pensait, il y a entre 3,9 à 4,5 milliards d’années. Durant cette période, les continents émergeaient seulement des océans et la planète était constamment bombardée par des météorites, dont certaines transportaient les éléments nécessaires à la vie et ont mené à la formation d’acide ribonucléique (ARN), cette molécule indispensable à l’apparition de la vie primitive qui constitue le premier code génétique de la vie sur la planète.
Ainsi, les météorites auraient-elles été les étincelles menant au vivant ? L’étude menée par des chercheurs de l’université canadienne McMaster et rendue publique par l’Académie américaine des sciences (PNAS) s’appuie ici sur « des recherches exhaustives et des calculs » astrophysiques, géologiques, chimiques et biologiques, car « pour comprendre l’origine de la vie, encore faut-il comprendre la Terre d’il y a des milliards d’années », commente Thomas Henning, de l’Institut Max Planck pour l’astronomie, en Allemagne. « Comme le montre notre étude, l’astronomie nous a fourni une partie cruciale de la réponse. Les données sur la façon dont notre Système solaire s’est formé ont des conséquences directes sur l’origine de la vie sur Terre ».
Les relevés géologiques, chimiques et biologiques nous apprennent par ailleurs qu’entre 3,7 et 4,5 milliards d’années, notre planète était bombardée par des météorites à un rythme huit à onze fois supérieur à l’activité actuelle. Pilonnée dans tous les sens. Son atmosphère était alors « dominée par des gaz volcaniques et les continents commençaient à s’élever du fond des océans ». À un certain moment, les ingrédients nécessaires à la formation de polymères (un assemblage de molécules) d’ARN ont atteint les concentrations suffisantes dans des petites sources chaudes et se sont connectés entre eux tandis que le niveau de l’eau fluctuait au rythme des précipitations, évaporations et écoulements.
Ces formes primitives ont ensuite évolué jusqu’au développement de l’ADN plus complexe. Notons que si l’hypothèse est séduisante, elle ne convainc pas tout le monde. Le biologiste John Sutherland, de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, pense de son côté que l’impact des météorites qui ont frappé des terres aurait vaporisé tous les composés organiques avant que la vie n’ait eu la chance de prendre racine. Beaucoup plus de recherches devront être menées avant que nous puissions dire avec certitude où, quand et comment la vie est apparue sur Terre il y a des milliards d’années. Ces données sont par ailleurs cruciales pour la recherche de la vie sur d’autres planètes.