Un collier-caméra filme le quotidien d’un loup sauvage, une première

Crédits : Pixabay

Un projet développé par des chercheurs du Voyageurs Wolf Project a récemment permis d’apprécier les exploits estivaux d’un loup sauvage du Minnesota. Cette semaine, le groupe a publié les toutes premières séquences capturées par son collier-caméra.

Le parc national des Voyageurs est un parc national américain situé dans le nord de l’État du Minnesota, entre la frontière entre le Canada et les États-Unis. Vous y retrouverez de nombreux grands mammifères, tels que des ours noirs, des élans, des cerfs de Virginie, mais aussi des loups. Ces prédateurs font d’ailleurs l’objet d’un nouveau projet qui vise à étudier leur comportement durant les mois d’été et proposé par le Voyageurs Wolf Project, dirigé par Thomas Gable.

En hiver, les loups ont tendance à former des meutes qui leur permettent de chasser de grandes proies comme le cerf et l’élan. Durant la période estivale, juste après la naissance de la nouvelle génération de loups au printemps, ces animaux deviennent en revanche plus solitaires. Les chercheurs de l’UMN aimeraient en particulier en apprendre davantage sur les changements de comportements de chasse, ainsi que la façon dont ils pourraient affecter la survie des plus jeunes.

Des séquences inédites

Les colliers GPS permettent habituellement de cartographier le territoire des prédateurs pour pouvoir les suivre grâce à des drones. Cependant, ces types d’appareils sont coûteux et restent peu pratiques dans cette région où une végétation dense a tendance à émerger dans la période estivale. Aussi, dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont préféré équiper des loups de différentes meutes avec des colliers-caméras développés par la société Vectronic-Aerospace.

Pour ce faire, les chercheurs ont disposé des pièges à pieds rembourrés en caoutchouc modifiés spécialement pour assurer une capture et une libération en toute sécurité. Les loups marchent sur un piège; celui-ci retient leur pied; les chercheurs endorment les animaux et placent les colliers. Une fois réveillés, les loups n’ont plus qu’à s’en aller.

Naturellement, équiper ces loups de colliers-caméras n’a pas été simple. Ces animaux sont en effet intelligents, et donc très méfiants. Les chercheurs ont finalement réussi à attacher une caméra à un loup solitaire surnommé V089 au début du mois de mai. V089 a ensuite porté l’appareil photo pendant six semaines à la fin du mois de juin. Son collier s’est ensuite détaché tout seul, comme prévu.

La caméra a enregistré par séquence de trente secondes, une fois par heure et à la lumière du jour. Il y a quelques jours, les chercheurs ont publié quelques images filmées par le prédateur. Ce sont les premières du genre à être capturées sur des loups sauvages.

Des loups doués pour la pêche

Comme vous avez pu le constater, la fourrure hirsute du loup ayant poussé durant l’hiver a un peu obscurci les images. Malgré tout, ces différentes séquences ont permis aux chercheurs de mieux appréhender le quotidien de ces animaux durant les jours estivaux, confirmant notamment leur penchant pour les poissons d’eau douce.

Ces comportements de pêche étaient déjà connus avec des meutes évoluant en Alaska ou dans certaines régions canadiennes. Cependant, ces loups ont tendance à pêcher pendant la saison de frai du saumon, lorsque les saumons migrent de l’océan vers les rivières en grand nombre pour pondre leurs œufs.

Ces nouvelles images suggèrent que les loups du Minnesota peuvent opérer de la même manière dans des circonstances plus ordinaires. Et le loup V089 est particulièrement malin, préférant s’installer près d’un barrage de castors pour attraper les poissons coincés à l’intérieur.

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Un des loups étudiés par le Voyageurs Wolf Project, nom de code V077. Crédits : Thomas Gable

Alors qu’ils travaillent encore à la collecte des données, les chercheurs soupçonnent que ces comportements de pêche peuvent être appris, mais aussi enseignés. « Il semble que les individus le comprennent eux-mêmes. Ensuite, ils peuvent transmettre leurs connaissances à leur progéniture. Du moins, c’est ce que nous pensons sur la base de ce que nous avons pu recueillir à ce stade« , souligne Thomas Gable.

Cette expérience pilote ayant été réussie, l’équipe équipera bientôt trois autres loups de colliers-caméras cet été. Ils prévoient également d’améliorer la qualité des images en coupant légèrement la fourrure des prédateurs pour qu’elle ne soit pas dans le champ de vision.