Cela fait 25 ans que le loup est de retour dans les Alpes françaises. En 2018, la population de loups en France était estimée à 430 individus d’après l’ONCFS, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Par comparaison, il y a 1500 à 2000 loups en Espagne et 1000 à 1500 en Italie. En quoi l’espèce est-elle encore menacée aujourd’hui ?
Le loup français manque-t-il d’espace ?
Mardi 12 février 2019, un loup a été filmé en train de courir près d’une voiture par Mr. Vial sur la route du Collet d’Allevard en Isère, vers 8 heures du matin.
Ces dernières années, le loup est de plus en plus observé sur des espaces urbanisés. Repoussé par les tirs des éleveurs et ayant de moins en moins d’insectes, de fruits et de charognes à se mettre sous la dent, il semble se tourner vers les villes et villages pour trouver de la nourriture. Ces espaces urbanisés lui paraîtraient-ils moins dangereux que les pâturages de nos montagnes aux zones électrifiées et aux éleveurs armés ? On tient peut-être un indice !
Tir de loups : une solution radicale qui menace l’espèce d’extinction
Depus 1992 en France, le loup est une espèce protégée. Toutefois, il existe des dérogations à ce statut, notamment lorsque la pression de prédation sur les troupeaux devient trop importante. Plusieurs actions encadrées sont possibles :
- dissuasion par effarouchement, pour l’éloigner
- tir de défense, afin d’effrayer le loup
- tir de prélèvement, qui vise à le tuer.
D’après l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages, “en théorie, ces dérogations ne sont possibles qu’à la triple condition” :
- de l’existence de dommages importants, à l’élevage notamment ;
- de l’absence d’autre solution satisfaisante ;
- du maintien, dans un état de conservation favorable, des populations de l’espèce dans son aire de répartition naturelle.
L’association affirme que souvent, les arrêtés autorisant les tirs de défense ou de prélèvement sont illégaux et sanctionnés par la justice française à leur demande.
Chaque année, en application de ce protocole, un plafond de loups pouvant être abattus est fixé. En 2018, ce plafond était fixé à 40 par l’arrêté ministériel du 19 février de la même année. Mais deux autres arrêtés ont été pris depuis, rehaussant ce plafond à 51 loups. Le 28 novembre 2018, 51 spécimens avaient été abattus.
Comment le loup est-il réparti en France ?
Voici la carte officielle de répartition du loup établie par l’ONCFS – Office National de la Chasse et de la Faune sauvage :

Mais, “probablement à cause d’un braconnage intense et des tirs de loups autorisés par l’Etat, la population de loups française reste vulnérable” et risque l’extinction, d’après FERUS, l’Association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs.
L’espèce Canis lupus, loup gris, est classée vulnérable sur la Liste rouge des espèces menacées en France de l’IUCN, comme l’indique une étude menée en 2017 par le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’ONCFS.
Selon les conclusions de cette expertise scientifique commandée par le ministère de l’Environnement, “à partir d’un taux de mortalité de 34%, toute population de loups déclinera et, si elle est maintenue sur cette tendance, s’éteindra de manière certaine.”
Les chercheurs ont rappelé que l’efficacité des tirs de loups pour la protection des troupeaux n’a pas été prouvée et que ceux-ci pourraient avoir des effets contre-productifs (éclatement de la meute et donc hausse de la prédation).
“Loups et moutons : quelles solutions ?”
Pour les éleveurs de brebis, 1992 a sonné le glas de la fin d’une époque de tranquillité, comme le souligne Axel Falguier dans son documentaire “Loups et moutons : quelles solutions ?”.
Axel a mené l’enquête et avec son reportage, il nous emmène dans les alpages pour apporter des réponses concrètes à la cohabitation entre loups et moutons. Il a interviewé des scientifiques, des éleveurs, des représentants de l’Etat et des associations de protection de la nature afin de mettre en lumière des solutions.
Bande annonce « Loups et moutons : des solutions ? » from Axel Falguier on Vimeo.
Son film sera projeté à Montpellier (34) lundi 18 mars 2019 à 18h30 à l’Université de Montpellier. Pour organiser une séance visionnage près de chez vous, contactez-le ici.
(Sources citées dans l’article avec liens).
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