À première vue, nous pourrions confondre cette vidéo avec celle d’un amateur filmant Jupiter et les mouvements de ses plus grandes lunes. En réalité, le point central n’est pas Jupiter mais une étoile située à 133 années-lumière de la Terre, et tous ces points mobiles ne représentent pas des lunes mais quatre exoplanètes filmées sur une période de douze ans.
En 2008, HR8799 est devenu le premier système planétaire extrasolaire jamais directement imagé. Au fil du temps, des chercheurs de l’Université Northwestern ont accumulé les clichés dans le but d’appréhender les mouvements des quatre exoplanètes – toutes plus massives que Jupiter – autour de leur étoile. Il en ressort un timelapse époustouflant couvrant douze années terrestres. En réalité, la planète la plus proche de l’étoile HR8799 met 45 ans pour compléter une seule orbite, tandis que la plus éloignée met environ 500 ans.
« Il n’y a rien à gagner scientifiquement à regarder les systèmes en orbite dans une vidéo accélérée, mais cela aide les autres à apprécier ce que nous étudions« , précise l’astronome Jason Wang dans un communiqué. « Cependant, il peut être difficile d’expliquer les nuances de la science avec des mots. Montrer la science en action peut alors aider les autres à comprendre son importance« .
Comment obtenir une telle vidéo ?
HR8799 est 1,5 fois plus massive que notre soleil et se situe à environ 133 années-lumière de la Terre dans la constellation de Pégase, ce qui est relativement proche selon les normes astronomiques. Bien qu’un peu plus massif que notre soleil, HR8799 est cependant beaucoup plus jeune, âgée de seulement trente millions d’années, et beaucoup plus lumineuse.
Pour obtenir tous ces clichés, les astronomes ont demandé du temps à l’observatoire WM Keck, situé au sommet du Mauna Kea à Hawaï, pour observer le système chaque année. Cette installation propose une optique adaptative pour compenser les effets de flou de l’atmosphère terrestre, mais aussi et surtout un coronographe capable de bloquer la lumière stellaire. Ce faisant, les chercheurs ont alors pu faire briller les quatre planètes qui, autrement, auraient été baignées dans la lumière de leur étoile.
Par ailleurs, le système est encore si jeune que ces exoplanètes n’ont pas perdu la majeure partie de leur chaleur de formation. Ainsi, au lieu de simplement briller en renvoyant uniquement la lumière de leur étoile, elles émettent encore la leur (principalement dans l’infrarouge). Sans cette chaleur interne, ces quatre mondes n’auraient pas été aussi visibles.
Enfin, l’astronome a également utilisé une forme de traitement vidéo pour combler les lacunes de données et lisser le mouvement des exoplanètes. Autrement, ces dernières sembleraient sauter au lieu d’évoluer en douceur dans l’espace.