Vidéo : un mystérieux calmar filmé en eaux profondes

Calmar à longs bras
Crédits : Schmidt Ocean

Une équipe de biologistes vient de publier des images rares d’un calmar à longs bras dans les profondeurs de l’Atlantique, au-dessus d’un système hydrothermal sous-marin. Que sait-on de cette créature à l’apparence extraterrestre ?

Le calmar à longs bras (genre Magnapinna) est une espèce que l’on retrouve en eaux profondes. Découverte en 2001 par une équipe de scientifiques japonais, elle se caractérise par une tête relativement petite par rapport à son corps qui peut mesurer jusqu’à 1,8 m de long. Ses tentacules, qui donnent au calmar son nom, peuvent atteindre jusqu’à 2,5 m de long.

On sait encore peu de choses sur les habitudes et le mode de vie du calmar à longs bras tant les observations sont rares. On ne dénombre en effet qu’une vingtaine de rencontres enregistrées à ce jour, d’où l’intérêt de ces images.

Un système unique

La vidéo ci-dessous a été capturée par un véhicule sous-marin télécommandé de l’organisation Schmidt Ocean autour du « champ hydrothermal de Lost City ». Il s’agit d’un système découvert il y a un peu plus de vingt ans situé dans l’Atlantique Nord, à environ 2 600 m de profondeur, au large de la côte est des États-Unis.

Ce champ est constitué de structures en carbonate de calcium plutôt que de sulfure de fer comme on le trouve généralement dans d’autres zones. Ces structures ont une apparence blanche et brillante, ce qui leur donne un aspect de « ville perdue » (d’où son nom anglais « Lost City »).

Le système hydrothermal de Lost City est alimenté par des éruptions de fluides chauds et acides riches en hydrogène, méthane et ammoniac. Ce mélange en eaux profondes crée des habitats uniques pour une grande variété de vers, de crabes, de crevettes et autres créatures marines… bref, autant de proies potentielles pour un calmar à longs bras.

Une observation à près de 2 000 m de profondeur

Notez que le projet en cours ne visait pas à observer une telle créature, mais à collecter des échantillons chimiques et biologiques de l’environnement. Et pour cause, la serpentinisation, une réaction chimique productrice de chaleur entre l’eau de mer et les roches du manteau fournissant une source d’énergie chimique pour la vie dans l’océan profond, est un type de ventilation qui n’est pas bien documenté ou compris. Tomber sur cette créature a donc été une bonne surprise pour les biologistes.

Le calmar à longs bras est ici observé à une profondeur de plus de 1 930 m sous le niveau de la mer. Les scientifiques s’interrogent encore sur ses tentacules qui semblent flotter sans but précis. Cependant, nous savons qu’ils sont constitués de nombreuses ventouses microscopiques. Ces dernières pourraient alors piéger les proies environnantes alors que les appendices traînent le long du fond marin, à la manière d’une toile d’araignée dans laquelle certains insectes se retrouvent piégés.