Vidéo : quand près de 1 000 baleines s’alimentent en Antarctique

baleines Antarctique
Crédits : Lindblad Expeditions-National Geographic

Les passagers d’un navire de croisière ont été témoins du rassemblement d’un groupe massif de baleines à fanons (plus précisément des rorquals communs) se nourrissant d’une surabondance de krills. Les images ont été tournées l’année dernière au large de l’Antarctique.

La dimension reculée et immaculée de l’Antarctique attire de plus en plus de touristes venus du monde entier. Si ces croisières ne sont pas sans conséquence, elles permettent néanmoins aux privilégiés d’apprécier certains spectacles qui passeraient autrement inaperçus. Récemment, les passagers d’un paquebot avaient notamment eu l’occasion d’observer plusieurs méduses fantômes géantes lors d’une excursion en submersible. De telles rencontres sont extrêmement rares.

Le 13 janvier 2022, les passagers à bord du National Geographic Endurance, un navire de croisière d’exploration polaire géré par Lindblad Expeditions, en partenariat avec National Geographic, ont également eu droit à un rassemblement spectaculaire : celui de baleines à fanons se nourrissant de nuages de krills grouillant à perte de vue. Au moment des observations, le navire se trouvait à environ quinze kilomètres au nord de l’île Coronation, la plus grande des îles Orcades du Sud.

Près de 1 000 individus

Initialement, Conor Ryan, un zoologiste résident à bord du navire, avait estimé à entre 200 et 400 le nombre d’individus présents dans l’agrégation. « Il y en avait tellement que l’on pouvait même sentir leur haleine« , note le chercheur, comparant cette odeur à celle du « brocoli pourri« .

En réalité, le nombre réel de baleines pourrait avoir été plus proche de 970, selon une récente étude publiée dans la revue Ecology qui s’appuie sur l’analyse de ces images. D’après ces dernières, les rorquals communs (Balaenoptera physalus) étaient également accompagnés d’au moins une baleine bleue, d’une paire de baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) et de quelques otaries à fourrure de l’Antarctique (Arctocephalus gazella), sans oublier des milliers d’oiseaux marins, dont des pétrels, des manchots et des albatros. Tous ces animaux se nourrissaient de krills, de minuscules crustacés nageurs qui forment des essaims massifs.

De tels rassemblements de krills ne sont pas rares dans la région. Cette zone de la mer de Scotia, qui entoure les îles Orcades du Sud, se situe en effet au-dessus d’une remontée d’eau massive, permettant aux eaux riches en nutriments des profondeurs de s’élever vers la surface.

D’après les auteurs des travaux, cet événement particulier se serait produit à la fin d’une grande « floraison printanière de phytoplancton » ayant fourni la nourriture nécessaire à cette énorme population de krills. Au moment de la capture de ces images, les chercheurs estiment qu’il devait y avoir des millions, voire des milliards de tonnes de ces créatures sous la surface.