C’est dans la baie de Kiladha, en Argolide dans la baie du Péloponnèse, à seulement un à trois mètres de profondeur, qu’une équipe d’archéologues grecs et suisses viennent de mettre à jour les vestiges d’un site fortifié datant du IIIe millénaire av. J.-C.
« L’importance de notre découverte tient d’une part à la grande taille de l’établissement : au moins 1,2 hectare conservé, et, d’autre part, à la quantité et la qualité des vestiges qui y ont été recueillis » explique Julien Beck, professeur à l’université de Genève et directeur des travaux de terrain. Parmi ces vestiges, des structures défensives en pierre « dont le caractère massif est d’un genre inconnu en Grèce jusqu’alors ». Ces fouilles archéologiques ont été entamées en 2015, dans le cadre d’un projet commun lancé en 2014 entre une école d’archéologie suisse et le service des antiquités sous-marines du Ministère grec de la Culture.
Le Ministère grec de la Culture déclare « des tronçons d’un mur de fortification extérieur, relié aux fondations d’au moins trois grandes structures en pierres (18 mètres sur 10) en forme de fer à cheval, ont pu être identifiés ». Pour Julien Beck, ces trois grandes structures en pierres pourraient avoir été des bastions ou des tours. À l’intérieur, des surfaces dallées (il pourrait s’agir de rues) et des ruines d’autres bâtiments, plus classiques. « Leur fonction est avant tout domestique : il s’agit d’habitat, de lieu de stockage ou de production », explique le directeur des fouilles. « Leur forme est caractéristique de l’Âge de Bronze grec », explique le Ministère grec de la Culture dans un communiqué.
Cette datation est confirmée par les objets retrouvés et remontés à la surface. « D’un point de vue stylistique, la céramique — nous avons remonté plus de 5.000 tessons ! — est caractéristique de l’Helladique Ancien II, c’est-à-dire de la moitié du IIIe millénaire environ, dans ce que nous appelons la période du Bronze Ancien », ajoute Julien Beck. Ces fouilles ont pris fin le 14 août dernier, et de prochaines fouilles permettront d’éclairer un peu plus les quelques éléments manquants sur l’activité humaine préhistorique dans cette baie. « La recherche future à Lambayanna permettra d’apporter un éclairage nouveau sur un réseau dense d’établissements côtiers de la même époque dans le golfe Argolique (Lerne, Tirynthe, Asiné) et servira à mieux comprendre le mode d’occupation, les échanges et les activités maritimes dans la préhistoire », conclut le Ministère grec de la Culture.
Sources : Communiqué du Ministère de la Culture Grec, Sciences & Avenir
– Crédits photos : ©Achraf el Kashef