Au Royaume-Uni, des chercheurs travaillent sur un moyen d’augmenter considérablement la capacité des océans à absorber le dioxyde de carbone (CO2). Les scientifiques envisagent notamment de verser une sorte de sable verdâtre à certains endroits dans l’eau afin de générer une réaction chimique. Néanmoins, les conséquences de cette initiative pourraient être désastreuses.
Une augmentation de 8% de la capacité d’absorption du CO2
Tout comme les forêts, les océans sont un immense réservoir de dioxyde de carbone (CO2), qui piègent pas moins d’un tiers des émissions d’origine humaine. Cependant, la National Academy of Sciences au Royaume-Uni avait évoqué dans un rapport de 2021 la possibilité d’augmenter cette capacité. Les détails de ce document ont été repris dans un récent article du magazine NewScientist. Il y est question de déverser pas moins d’un million de tonnes de sable vert (de l’olivine) dans les océans.
Les chercheurs du National Oceanography Centre à Southampton pensent que dissoudre d’énormes quantités d’olivine broyée dans l’eau de mer permettait de réduire les niveaux de CO2 atmosphérique. En bout de chaîne, il serait possible de faire baisser de 0,06°C la température moyenne à la surface de la Terre. L’olivine (voir image ci-après), un minéral composé de silicium, de magnésium et d’oxygène, pourrait augmenter de 8% la capacité d’absorption du CO2 des océans.
Il faut savoir qu’il n’est absolument pas question de transformer la Terre en planète verte. Effectivement, les chercheurs pensent à déverser de l’olivine dans certains endroits stratégiques, afin de contrebalancer certains secteurs caractérisés par des difficultés en termes de décarbonation, par exemple le transport aérien et la sidérurgie.
Une potentielle catastrophe pour les écosystèmes
Au contact de l’eau de mer, l’olivine formerait du bicarbonate (HCO3) et rendrait ainsi les océans plus alcalins, à la manière d’un antiacide dans notre estomac. Le dioxyde de carbone pourrait donc davantage se dissoudre dans l’eau. En revanche, l’impact écologique d’une alcalinité accrue de l’eau pourrait être très conséquent. Le sable d’olivine pourrait devenir une nuisance pour le zooplancton et perturber ainsi toute la chaîne alimentaire. Ce sable pourrait également couler et étouffer les fonds marins. En somme, il existe une forte probabilité que ce projet devienne totalement contre-productif.
Pour les scientifiques du National Oceanography Centre, il ne fait aucun doute qu’avec un peu d’aide, les océans pourraient absorber davantage de CO2. En revanche, la méthode décrite pourrait avoir de graves conséquences sur les écosystèmes, ce qui n’est évidemment pas souhaitable. Le projet n’est pas abandonné pour autant, mais les risques devront être évalués très précisément avant de tenter d’éventuels tests à grande échelle.