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Vers une recrudescence des proliférations algales

Crédits : CC0 Domaine public.

Le réchauffement des températures ainsi que l’augmentation des périodes anticycloniques peu ventées devraient conduire à une aggravation des proliférations algales de type Microcystis, une cyanobactérie que l’on retrouve essentiellement dans les eaux douces et qui peut les rendre toxiques. Ces résultats obtenus par un groupe de chercheurs australiens ont récemment été publiés dans la revue scientifique Water Research.

Les auteurs de cette étude ont notamment montré que la diminution du vent moyen attendue sur diverses régions du globe devrait jouer un rôle plus important dans le développement de ces algues que la hausse de la température de l’eau ou de l’air. En effet, les périodes de calmes synoptiques typiquement associées aux situations anticycloniques ralentissent le mélange des eaux de surface avec les couches plus profondes, ce qui permet aux cyanobactéries de s’accumuler plus facilement au sommet de la colonne d’eau.

Gauche : profil vertical de la température de l’eau d’un lac pour le climat présent (haut) et futur (bas). Centre : quantité de cyanobactéries au sommet du lac pour le climat présent (bleu) et futur (rouge). Droite : résumé schématique de l’évolution future. Crédits : M. H.  Ranjbar & coll. 2022.

« Les efflorescences algales délétères des cyanobactéries d’eau douce sont un problème mondial et devraient s’intensifier avec le changement climatique », relate Mohammad Hassan Ranjbar, auteur principal de l’étude. « Cependant, à ce jour, l’influence des calmes atmosphériques, ces baisses de la vitesse du vent près de la surface, n’a pas été prise en compte ».

Le rôle dominant du vent dans l’aggravation des proliférations algales

En s’appuyant sur un nouveau modèle hydrodynamique permettant de calculer la distribution de la biomasse algale dans la colonne d’eau, les chercheurs ont trouvé qu’une diminution de 20 % de la vitesse moyenne du vent au-dessus des lacs conduisait à une augmentation de près de 40 % de la taille actuelle des efflorescences. « L’impact de cette diminution du vent sur la prolifération d’algues est plus de six fois supérieur à celui d’une augmentation de 2 °C de la température de l’air associée au changement climatique », rapporte le chercheur. En effet, cette dernière amène une croissance d’à peine 5 %.

Les colonies de Microcystis devraient donc surtout tirer profit d’une plus grande stratification des eaux lacustres. Aussi, les résultats soulignent la nécessité de prendre en compte l’évolution des régimes de vent dans les calculs de distribution, de fréquence et d’intensité des proliférations algales. « En utilisant ce modèle, il était clairement évident que la formation d’efflorescences algales était beaucoup plus sensible au ralentissement de la vitesse du vent associé au changement climatique qu’au réchauffement des températures », souligne l’auteur principal de ces travaux.