Selon une étude dirigée par l’Université de Bergen (Norvège), la décennie qui vient pourrait voir un ralentissement temporaire du réchauffement climatique. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue scientifique npj Climate and Atmospheric Science.
En cause, une oscillation climatique naturelle qui alterne des décennies plus froides et d’autres plus chaudes dans une vaste zone de l’Atlantique Nord. Or, ces fluctuations ont des répercussions sur les conditions climatiques à l’échelle hémisphérique, ce qui affecte inévitablement la température en moyenne mondiale. Ainsi, les années 1950 à 1970 ont connu une stagnation de la température globale tandis que les années 1980 à 2000 ont vu une nette accélération.
Réchauffement climatique et oscillation multidécennale : des phénomènes superposés, mais bien distincts
Ces résultats signifient-ils que le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines est moins important que prévu ? Non, insiste Nour-Eddine Omrani, auteur principal de l’étude. En effet, il ne s’agit ni des mêmes phénomènes ni des mêmes échelles de temps. « Sans les tendances de réchauffement à long terme, l’évolution du climat dans le futur proche ressemblerait fortement aux conditions plus froides observées dans les années 1950-1970. Le changement climatique rend le climat actuel et projeté beaucoup plus chaud ».
Comme ce signal oscillant se superpose à une rampe montante (voir le graphique ci-dessous), les pics bas successifs se situent à des niveaux de plus en plus élevés, tandis que les pics chauds s’accompagnent de nouvelles années record en matière d’anomalies mondiales de chaleur. « La prochaine hausse multidécennale partira d’un niveau plus élevé et conduira à un réchauffement sans précédent, avec les extrêmes qui y sont associés », relate le chercheur.

Cette oscillation naturelle multidécennale module fortement la température dans l’Atlantique Nord et l’Arctique. Aussi, son empreinte se retrouve dans l’évolution des glaces de mer. La phase chaude de l’oscillation s’accompagne d’une accélération du déclin de la banquise, et inversement pour la phase froide. En prenant en compte ce phénomène dans les projections jusqu’à horizon 2040, les chercheurs s’attendent ainsi à un déclin moins rapide de la banquise arctique, en particulier en hiver.
Selon Nour-Eddine Omrani, « le ralentissement actuel et prévu laissent le temps d’élaborer des solutions techniques, politiques et économiques avant la prochaine accélération du réchauffement planétaire ». L’étude montre également qu’un ralentissement de la hausse des températures à court ou moyen terme n’est pas en contradiction avec un réchauffement à long terme. À l’inverse, compte tenu de la variabilité naturelle du système climatique, la hausse des températures a toutes les chances d’être ponctuée par des phases d’accélération et de ralentissement.