Des vers transgéniques ont tissé une soie six fois plus résistante que le kevlar

soie araignée
Crédits : IsakHallbergPhoto / iStock

Récemment, la Chine a été le théâtre d’une expérimentation assez surprenante. Les chercheurs ont utilisé des vers à soie génétiquement modifiés afin de produire des fibres de soie d’araignée très résistantes. Selon les scientifiques, cette avancée pourrait trouver des applications dans plusieurs domaines.

Des avantages combinés

La soie des araignées fait parfois l’objet de recherches scientifiques. En 2018, des chercheurs  suisses ont notamment travaillé sur une utilisation de cette soie pour concevoir de meilleurs vaccins. Et si ce type de soie pouvait également intégrer des projets visant à découvrir des alternatives écologiques aux fibres synthétiques commerciales contenant du plastique ? Ce champ de recherche est justement celui d’une équipe de la Donghua University (Chine), dont l’étude a été publiée dans la revue Cell Matter le 20 septembre 2023.

Soulignons tout d’abord que les recherches chinoises ne concernent pas une soie produite par des araignées, mais par des vers à soie. Plus précisément, les chercheurs ont utilisé des vers à soie afin de produire une soie d’araignée six fois plus résistante que le Kevlar. Pour ce faire, les auteurs de l’étude ont combiné les avantages des araignées et des vers à soie (Bombyx Mori). Habituellement, la soie de ces derniers est abondante, mais plutôt fragile alors que celle des araignées bénéficie d’une solidité supérieure à celle de l’acier par unité de masse, ainsi que d’une grande souplesse. Seulement, voilà, les araignées ont des tendances au cannibalisme et sont donc assez difficiles à élever contrairement aux vers à soie.

vers à soie
Des vers à soie (Bombyx Mori). Crédits : Armin Kübelbeck / Wikipedia

Une nouvelle utilisation de l’éditeur génétique CRISPR-Cas9

La clé du projet a donc été la modification génétique. Les chercheurs ont prélevé une protéine de soie d’Araneus ventricosus, une espèce d’araignées vivant en Asie de l’Est. Ensuite, la protéine a été introduite dans l’ADN d’un ver à soie à l’aide des ciseaux génétiques CRISPR-Cas9. Les chercheurs ont également pratiqué des micro-injections dans des œufs de vers à soie fécondés. Aussi, les meneurs de l’étude sont parvenus à vérifier que l’activation du gène modifié chez le ver à soie ne risquait pas de modifier le mécanisme de production naturelle de soie.

Selon les résultats, les fibres issues de l’opération bénéficient de caractéristiques très intéressantes et prometteuses : une grande résistance à la traction, une ténacité élevée et une bonne flexibilité. Enfin, les scientifiques chinois ont affirmé que cette nouvelle soie avait du potentiel pour une utilisation dans divers domaines. Citons notamment l’armement, l’aérospatial ou encore l’industrie du textile.