Vers une hausse vertigineuse des températures prévue dans ces deux régions du globe

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Crédits : Jakub Zajic/istock

Souvent perçu comme une menace à long terme, le changement climatique devient une réalité alarmante dans certaines parties du globe. Parmi les régions les plus exposées, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) se trouvent en première ligne. Ces zones, déjà parmi les plus chaudes et arides de la planète, devraient en effet connaître une hausse spectaculaire de leurs températures dans les prochaines décennies. 

Une région déjà en surchauffe

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord figurent déjà parmi les régions les plus inhospitalières de la planète en termes de températures. En été, certaines zones enregistrent en effet des pics de chaleur dépassant régulièrement les 50 °C. Ces conditions extrêmes ne sont pas seulement gênantes ; elles mettent en danger la santé publique, compromettent les ressources en eau et augmentent la demande énergétique pour le refroidissement.

Plus préoccupant encore : cette région est sur le point de dépasser les seuils critiques de 1,5 °C et 2 °C de réchauffement par rapport aux niveaux préindustriels, bien avant la majorité des autres zones du globe. Alors que l’Accord de Paris cherche à limiter le réchauffement mondial à ces seuils, certaines parties de la région MENA les ont déjà franchis ou s’en approchent dangereusement.

Des projections alarmantes : une hausse sans précédent des températures

Des modèles climatiques récents, qui utilisent des données haute résolution (CMIP5 et CMIP6), montrent que le rythme de réchauffement dans ces régions n’est pas uniforme. Par exemple, l’intérieur de la péninsule arabique se réchauffe jusqu’à 3,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. À ce rythme, la région pourrait connaître un réchauffement de 3 à 4 °C dès les années 2070, soit environ trois décennies avant d’autres parties du globe.

Les zones particulièrement concernées incluent la province de Riyad en Arabie saoudite où les températures estivales pourraient atteindre des niveaux extrêmes, ainsi que certaines parties de l’Algérie et de la Mauritanie. En hiver, des points chauds se concentrent sur les montagnes d’Elbourz en Iran. Plus inquiétant encore : d’ici 2100, les scénarios les plus pessimistes prévoient un réchauffement atteignant jusqu’à 9 °C dans la péninsule arabique centrale, une région déjà aride et peu équipée pour faire face à de telles conditions.

Ce réchauffement spectaculaire est exacerbé par la nature désertique de la région. Contrairement aux zones équatoriales humides, les déserts secs du MENA n’ont pas la capacité de se rafraîchir par évaporation. Cela les place dans une catégorie comparable aux régions polaires où les températures montent rapidement en raison des particularités géographiques et climatiques.

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Crédits : wing-wing/iStock

Les températures : des défis majeurs pour les populations et les écosystèmes

Les conséquences de ces changements sont immenses. Dans un scénario de réchauffement à haute intensité, certaines parties de la région pourraient devenir tout simplement invivables pour l’être humain. Les vagues de chaleur deviendront plus fréquentes, plus longues et plus intenses, ce qui augmente les risques de déshydratation, d’épuisement thermique et d’autres maladies liées à la chaleur.

Les impacts s’étendront aussi aux écosystèmes. Les terres agricoles, déjà limitées dans ces régions, deviendront encore moins productives, ce qui accentuera l’insécurité alimentaire. L’accès à l’eau, déjà rare, sera encore plus limité, créant des tensions sur les ressources naturelles et poussant à des migrations massives vers des zones moins affectées.

Les infrastructures actuelles des zones urbaines, en particulier dans les villes côtières densément peuplées comme celles d’Oman ou du Golfe, ne sont pas conçues pour supporter des hausses de température aussi extrêmes. Cela exigera des adaptations majeures pour assurer des conditions de vie minimales.

Réagir face à la menace : freiner et s’adapter

Malgré la gravité des projections, tout n’est pas perdu. Les chercheurs estiment en effet que des efforts mondiaux ambitieux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pourraient ralentir le rythme du réchauffement dans la région jusqu’à 38 %. Cela nécessitera des engagements sérieux de la part des grandes économies, mais aussi des pays de la région, souvent riches en ressources fossiles.

L’adaptation sera également essentielle. Les villes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pourraient devenir des laboratoires de solutions innovantes pour faire face à la chaleur extrême. Des solutions architecturales, comme des bâtiments mieux ventilés et des matériaux qui réfléchissent la lumière, pourraient réduire les besoins en climatisation. La végétalisation urbaine, bien que complexe dans des régions arides, peut également aider à refroidir les espaces publics.

Des technologies de pointe, telles que les microclimats artificiels, sont également explorées. Ces initiatives, bien qu’onéreuses, pourraient servir de modèle pour d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires à l’avenir.

Un impact social et géopolitique grandissant

La montée des températures dans la région MENA ne se limite pas à des conséquences environnementales ou économiques ; elle alimente également des tensions sociales et géopolitiques. L’insécurité alimentaire croissante et la raréfaction des ressources hydriques exacerbent les inégalités entre communautés rurales et urbaines, amplifiant les risques de conflits internes. À l’échelle internationale, ces défis créent des vagues migratoires importantes, avec des millions de personnes cherchant refuge dans des zones moins touchées par le réchauffement. Ces déplacements massifs pourraient déstabiliser les équilibres géopolitiques existants, rendant la coopération internationale indispensable pour atténuer les crises humanitaires à venir.