Vers un diagnostic et un traitement précoces et affinés du cancer

Crédits : Wikipedia / Laura sofia muñoz oquedo

Une équipe de chercheurs français pourrait bien avoir fait une avancée majeure pour deux facteurs qui jouent un rôle essentiel dans la rémission d’un patient atteint d’un cancer, à savoir la précocité du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique. 

Avec plus de 380 000 nouveaux cas répertoriés en 2015, la lutte contre le cancer est plus que jamais une question de santé publique. La précocité du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique constituent des facteurs pronostiques essentiels dans les possibilités de rémission du patient. Patrizia Paterlini-Bréchot et son équipe ont mis au point une méthode d’isolement par la taille des cellules tumorales/trophoblastiques (ISET) capable de détecter très précocement des cellules rares circulantes (CRC) présentes dans le sang et annonçant très en amont l’apparition d’une tumeur cancéreuse. Ils publient leurs résultats dans la revue PLOS One.

Ces cellules sont de deux types : les cellules tumorales circulantes (CTC) et les microémboles tumoraux circulants (CTM). L’un des problèmes techniques de la collecte des CTC est lié à leur fragilité. Or, afin de les utiliser de façon optimale, il est de première importance de pouvoir les récupérer dans le sang de façon hautement sensible et sans perte de qualité de ces cellules afin de procéder à une étude moléculaire efficace.

Cette étude décrit un nouveau protocole pour enrichir les CTC vivantes du sang à l’aide de la méthode ISET et favoriser cette collecte. « Nous avons évalué l’impact de cette méthode d’enrichissement sur l’expression antigénique, la structure du cytosquelette, la viabilité cellulaire des cellules tumorales vivantes et leur capacité à croître en culture. Nous avons également analysé la performance in vitro d’ISET pour recueillir des cellules cancéreuses rarissimes fixées et vivantes intactes », déclare le Professeur Paterlini-Bréchot, professeur en biologie cellulaire et oncologie à l’Université Paris Descartes et chercheuse au sein du département « Immunologie, infectiologie et hématologie » de l’Institut Necker Enfants Malades – Centre de médecine moléculaire (Université Paris Descartes/INSERM/CNRS), dans un communiqué du CNRS.

Les résultats obtenus montrent que la méthode ISET permet d’atteindre un très haut niveau de précision dans le diagnostic des cancers sur un très faible échantillon sanguin. En effet, il est possible de détecter des cellules tumorales fixées et vivantes sur un simple prélèvement de 10 ml de sang. La sensibilité de ces tests est excellente avec un seuil de détection d’une cellule tumorale dans 83 à 100 % des cas. Ce seuil extrêmement élevé est maintenu lorsque le plasma est recueilli avant l’isolement des cellules tumorales.

Par ailleurs, une analyse comparative de l’ADN des cellules tumorales a été effectuée par séquençage à haut débit avant et après leur isolement du sang et en culture. Cette analyse génétique permettra d’affiner encore les aspects diagnostics et la mise en place rapide d’un protocole thérapeutique adapté à chaque patient. Enfin, le fait d’avoir réussi à isoler ces cellules tumorales vivantes puis à les cultiver in vitro ouvre de nombreuses perspectives sur les réactions immunitaires de l’organisme face au cancer.

« En effet, la culture in vitro des cellules cancéreuses permettra à l’avenir de tester des thérapies en amont afin de savoir si elles peuvent agir sur ces cancers. Elle pourra permettre également d’utiliser les cellules cancéreuses circulantes cultivées pour stimuler la réponse immunitaire de l’organisme contre le cancer, une perspective porteuse de grand espoir dans le combat contre cette maladie », conclut le Professeur Paterlini-Bréchot.