Voici le véritable pourcentage d’espèces animales en déclin

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Un nouveau rapport sur l’ampleur de la perte de biodiversité à travers la planète nous révèle que près de la moitié des espèces animales sur Terre sont actuellement en déclin. Selon les chercheurs, cet épuisement des populations est en grande partie dû à la dégradation des habitats liée aux activités humaines. Toujours selon ce document, seulement 3 % des espèces voient leur densité de population augmenter, tandis que 49% se stabilisent. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Biological Reviews.

Une défaunation anthropocène

Il est largement reconnu que les activités humaines ont un impact significatif sur les espèces animales. La conversion des terres sauvages en terres agricoles ou en zones urbaines entraîne en effet la perte d’habitats naturels, ce qui limite évidemment l’espace disponible pour les animaux sauvages. En conséquence, les populations se fragmentent et se reproduisent de moins en moins. L’exploitation excessive des ressources naturelles dégrade également les écosystèmes naturels dont dépendent de nombreuses espèces animales.

Les problèmes de pollution sont tout aussi importants. Les activités humaines sont en effet liées à l’utilisation de polluants tels que les pesticides agricoles, les produits chimiques industriels et autres déchets plastiques pouvant avoir des effets toxiques sur les espèces animales. Enfin, n’oublions pas les effets du changement climatique lié à l’augmentation excessive des émissions de gaz à effet de serre. Les animaux peuvent ainsi être affectés par les modifications des températures ou des régimes de précipitations, ce qui peut altérer leurs habitats et leurs cycles de vie.

Par ailleurs, les chercheurs se sont appuyés sur l’utilisation de la Liste rouge de l’UICN et ses catégories de conservation attribuées à chaque espèce évaluée. Cette approche révèle qu’un quart des espèces animales mondiales sont actuellement menacées d’extinction et qu’environ 1 % ont été déclarées éteintes.

Cependant, quantifier cette crise d’extinction est une entreprise compliquée. Le fait est que les extinctions sont souvent précédées de déclins progressifs des populations au fil du temps qui laissent des « empreintes » démographiques pouvant nous alerter sur les trajectoires des espèces vers l’extinction. Par conséquent, se concentrer exclusivement sur les catégories de conservation de l’UICN sans tenir compte des tendances démographiques dynamiques peut amener à sous-estimer l’étendue réelle des processus d’extinctions en cours dans la nature.

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Crédits : Alexas_Fotos/pixabay

Des résultats alarmants

Pour nous donner un aperçu plus précis de la situation, des chercheurs ont récemment examiné des données sur les tendances démographiques pour plus de 71 000 espèces animales couvrant les cinq groupes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) et des insectes. Ces travaux d’analyse ont permis de fournir une évaluation complète à l’échelle mondiale de la diversité des tendances démographiques.

De manière générale, cette étude révèle une érosion mondiale généralisée des espèces, avec 48 % en déclin, tandis que 49 % et 3 % des espèces restent actuellement stables ou augmentent respectivement. Les chercheurs constatent également que certains groupes sont plus en difficulté que d’autres. Plus de 63% des espèces amphibies seraient notamment en déclin, contre 28% des reptiles. Autre fait important, il ressort également de ces travaux que 33% des espèces actuellement classées par l’UICN comme « non menacées » sont en réalité en train de décliner.

Enfin, géographiquement, cette étude révèle que les déclins d’espèces animales ont tendance à se concentrer autour des régions tropicales. À l’inverse, les populations ont davantage tendance à se stabiliser ou même à augmenter autour des climats tempérés.

De manière critique, cette évaluation montre que la crise d’extinction de l’Anthropocène est liée à un déséquilibre rapide de la biodiversité, avec des niveaux de déclin dépassant largement les niveaux d’augmentation pour tous les groupes. Ainsi pour les auteurs, ces résultats représentent un signal supplémentaire indiquant que nous sommes bel et bien en train de vivre une sixième extinction de masse.