Ce ver produit du « lait » afin d’assurer la survie de ses larves

ver Caenorhabditis elegans
Crédits : HoPo / Wikipedia

Le règne animal n’a pas fini de surprendre l’humain. Des chercheurs britanniques ont en effet découvert qu’une sorte de ver hermaphrodite était capable d’une « forme de lactation primitive ». Le but ? Assurer la survie de sa descendance avant de mourir après avoir épuisé sa capacité à s’autoféconder.

Se sacrifier pour produire un genre de « lait maternel »

Une chose est commune entre tous les êtres vivants : le vieillissement. Or, les mécanismes physiologiques induisant ce vieillissement font l’objet de recherches scientifiques. Dans certains travaux, les chercheurs utilisent des spécimens de l’espèce Caenorhabditis elegans, un nématode transparent de seulement un millimètre de longueur. Il s’agit ici de vers hermaphrodites capables de se reproduire par autofécondation. En effet, ils peuvent stocker à la fois des spermatozoïdes et des ovocytes. À noter qu’il est possible de voir naître des vers mâles, mais ceci est plutôt rare. Durant leur vie d’adulte de seulement vingt jours, les Caenorhabditis elegans s’autofécondent un maximum de fois jusqu’à épuisement de leur réserve de sperme.

Or, au cours de leurs travaux, des chercheurs de l’University College de Londres (Royaume-Uni) ont découvert un phénomène étonnant, décrit dans une publication dans la revue Nature Communications le 5 octobre 2021. Les femelles en fin de vie se sacrifient pour assurer la survie de leur descendance en produisant une substance nutritive, un genre de « lait » pour nourrir les larves.

ver Caenorhabditis elegans
Un spécimen de ver Caenorhabditis elegans. Crédits : Oregon State University / Flickr

Une manière de maximiser leur capacité évolutive

« C’est à la fois une forme de lactation primitive, que seuls quelques autres invertébrés ont faite, et une forme de suicide reproductif, les mères vers se sacrifiant pour subvenir aux besoins de la génération suivante », explique David Gems, principal auteur de l’étude.

En effet, les vers n’ayant plus la capacité de s’autoféconder accumulent dans leur propre corps des œufs non fertilisés ainsi qu’un fluide s’apparentant à un genre de lait maternel. Ce lait est le résultat de la fonte des tissus du ver lui-même. Ainsi, ce phénomène lui est tout simplement fatal. Ainsi, avant de succomber, le ver pond ses derniers œufs contenant aussi du lait, dont se nourrissent les larves.

Pour les scientifiques à l’origine de cette étude, ce comportement étonnant est une nouvelle manière qu’utilisent les vers Caenorhabditis elegans afin de maximiser leur capacité évolutive. De plus, les chercheurs ont observé que les jeunes larves se nourrissant de ce lait grandissent plus rapidement que les autres. Or, à l’origine, les scientifiques pensaient à tort que ce comportement résultait d’une maladie des vers arrivant à un âge avancé.