Si vivre avec un parasite est habituellement une expérience difficile, il semblerait que ce n’est peut-être pas forcément toujours le cas. Récemment, une étude s’est en effet intéressée à un parasite qui allonge étonnamment l’espérance de vie des fourmis qu’il infecte. Cependant, la raison de ce phénomène peut faire froid dans le dos.
Un effet pervers
L’Anomotaenia brevis est un ver solitaire (ou ténia) qui fait partie des nombreuses espèces de parasites capables de manipuler le comportement de leur hôte. Une prépublication disponible sur la plateforme bioRxiv depuis mai 2023 décrit la surprenante relation entre ce parasite et des fourmis. Selon les chercheurs de l’Université de Mayence (Allemagne), les fourmis peuvent vivre trois fois plus longtemps grâce au ver.
Lorsque le ténia s’installe dans l’intestin d’une fourmi, il pompe des antioxydants et des protéines dans la circulation sanguine de son hôte. Or, cela aurait des effets positifs sur la santé des fourmis et permettrait ainsi de les garder en forme. Une question se pose néanmoins : pourquoi un parasite chercherait-il à garder ses hôtes en pleine santé ?
Pour les auteurs de l’étude, ce processus a peut-être pour objectif de faire des fourmis de meilleures proies par la suite. Les chercheurs ont en effet rappelé que l’Anomotaenia brevis peut mieux se développer et se reproduire lorsqu’il infecte un oiseau ou un plus gros animal. Ainsi, le ténia a vivement intérêt à garder son hôte fourmi en bonne santé le plus longtemps possible en espérant qu’elle devienne le repas d’un animal plus imposant.

La colonie entière peut être menacée
L’influence du ver sur le comportement des fourmis est assez incroyable. Selon les scientifiques, lorsqu’une fourmi ouvrière est infectée, les autres fourmis du même type effectueront ses tâches à sa place. Elles vont également la porter, la nourrir et même la soigner indéfiniment. Les auteurs de l’étude évoquent même la possibilité que la fourmi infectée puisse sécréter une protéine capable de réguler la division du travail et la reproduction dans les colonies. Les autres fourmis sont donc trompées et manipulées.
En considérant ces informations, ce phénomène peut potentiellement mettre en péril la survie de la colonie tout entière. En effet, les ouvrières qui s’occupent de leurs congénères infectées risquent de mourir prématurément. Elles donnent également pratiquement toute leur attention à ces fourmis parasitées et consacrent beaucoup moins de temps à leur reine.
Ce n’est pas la première fois que l’on observe un changement de comportement aussi drastique lié à un ver parasite. En 2022, des chercheurs américains décrivaient par exemple les effets d’un parasite sur des loups. Cela ne leur apportait cependant pas une meilleure santé, mais favorisait un comportement jugé plus « audacieux ». En effet, le parasite en question augmentait leurs niveaux de testostérone.
