Comment ce ver marin peut-il vivre jusqu’à 1000 ans ?

Crédits : Chemo III project/BOEM/NOAA OER

Vivant entre 1000 et 3300 mètres de profondeur, Escarpia laminata peut vivre en moyenne 300 ans et pour certains individus plus de 1000 ans ! Comment est-ce possible ? Grâce à des bactéries lui permettant de se nourrir d’hydrogène sulfuré, ou encore de méthane.

Au fond de l’océan, la vie peut s’étendre bien au-delà de ses limites habituelles. Accrochés aux fonds marins profonds du golfe du Mexique, de grands vers tubicoles pourraient vivre de 250 à 300 ans en moyenne, révèle un étude publiée dans Science of Nature. Il s’agit de ceux de l’espèce Escarpia laminata, vivant entre 1000 et 3300 m de profondeur dans des eaux froides et à des endroits où se dégagent du plancher océanique de l’hydrogène sulfuré, du méthane et d’autres fluides riches en hydrocarbones. Grâce à des bactéries, ces vers peuvent se nourrir de ces substances. Combinée cette abondance de « nourriture » avec une absence de prédateur, et vous obtenez l’une des plus grandes longévités du règne animal. Certains vers pourraient même vivre jusqu’à 1 000 ans.

Ils ressemblent à de grosses pailles en plastique et peuvent vivre par groupe allant de 5 à 200 spécimens. Vous les retrouverez dans les eaux froides où évoluent également crevettes, palourdes, crabes, moules et toute une variété de petits vers. Escarpia laminata peut mesurer plus de 1,5 mètre de hauteur mais ce qui le distingue le plus est cette relation symbiotique qu’il entretient avec des bactéries qui prospèrent dans ces infiltrations, lui permettant de se nourrir des substances dégagées par le plancher océanique. Découvrir l’âge exact de ces vers ne fut en revanche pas une partie de plaisir, étant donné qu’ils ne produisent pas de squelette ni de tissus durs permanents, avec des anneaux de croissance annuels et dénombrables. Au lieu de cela, les chercheurs durent  s’appuyer sur un modèle de croissance évalué par une étude antérieure sur une espèce de vers différente.

« L’idée derrière ce modèle de croissance est qu’il nous permet de simuler la croissance de ces vers à tube, et donc de déterminer leur âge, sans forcément avoir à les observer évoluer en temps réel pendant des centaines d’années« , explique Alanna Durkin, de la Temple University à Philadelphie en Pennsylvanie. En adaptant les données à ce modèle, évaluant notamment la vitesse de croissance observée sur une année pour des spécimens de différentes tailles, les chercheurs ont été en mesure de pouvoir déterminer à quelle vitesse ils grandissent à différents stades de leur vie. Ils peuvent ensuite simuler en combien de temps un ver peut atteindre telle ou telle taille.

« Il est difficile de fixer une limite maximale à leur âge, car ils grandissent plus lentement à mesure qu’ils vieillissent« , explique la chercheuse. « Certains spécimens peuvent attendre les 1000 ans dans la nature, mais compte tenu de notre recherche, nous évaluons une durée de vie moyenne d’au moins 250 à 300 ans ». En d’autres termes, certains vers encore présents ont commencé à sortir de terre quand Mozart composait sa première symphonie.

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