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Illustration de la planète Vénus. Crédits : JAXA / ISAS / DARTS / Damia Bouic

Vénus, un enfer depuis le début ?

Vénus a longtemps fasciné les scientifiques. Les nuages épais de dioxyde de carbone qui enveloppent la planète ont notamment alimenté des théories selon lesquelles elle était jadis humide avec des océans capables d’abriter la vie. Cependant, des recherches récentes remettent en question cette idée. Selon une étude menée par des scientifiques de l’Université de Cambridge, il semble en effet désormais peu probable que Vénus ait jamais eu des océans. Si cette hypothèse est confirmée, elle pourrait avoir des implications majeures pour la recherche de la vie dans l’Univers.

Les théories sur l’habitabilité de Vénus

L’atmosphère actuelle de Vénus, composée à plus de 96 % de dioxyde de carbone, crée une pression atmosphérique 90 fois plus forte que celle de la Terre et une température moyenne d’environ 460°C, bien au-delà de la température à laquelle l’eau peut exister sous forme liquide. Cette température élevée, couplée à une pression écrasante et à des nuages acides qui couvrent la planète, rend Vénus invivable. Cependant, cela n’a peut-être pas toujours été le cas. Depuis des décennies, les scientifiques débattent de la question de l’habitabilité de Vénus. Deux grandes théories s’affrontent sur ce sujet.

La première, plus optimiste, postule que Vénus aurait pu être habitable dans le passé. Selon cette idée, il y a environ quatre milliards d’années, la planète aurait possédé une atmosphère plus douce, probablement composée de gaz comme l’azote et l’oxygène, ainsi que des océans permettant l’émergence de la vie. Certains chercheurs imaginent même que tout comme la Terre aujourd’hui, Vénus aurait connu un climat plus modéré avec une température propice à la vie. Cependant, cette situation idyllique n’aurait pas duré. En raison de la montée du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, Vénus aurait expérimenté un effet de serre incontrôlable qui aurait entraîné des températures extrêmement élevées, assez pour faire fondre le plomb à la surface de la planète. Ce réchauffement aurait fini par détruire toute possibilité de vie et transformer Vénus en un environnement aride et inhospitalier.

La deuxième théorie, plus pessimiste, propose que Vénus a toujours été un monde hostile. Dès ses premiers temps, la planète aurait été trop chaude et trop sèche pour abriter de l’eau sous forme liquide.

Ces deux théories s’appuient sur des modèles climatiques et des observations indirectes, mais aucun n’a encore permis de trancher définitivement la question : Vénus a-t-elle jamais eu des océans capables de soutenir la vie ?

Une étude plaide pour l’enfer

De nouvelles recherches menées par l’Université de Cambridge, dirigées par la doctorante Tereza Constantinou, apportent un nouvel éclairage sur cette question. Au lieu de se baser uniquement sur des modèles théoriques, l’équipe a adopté une approche plus pragmatique fondée sur l’analyse chimique actuelle de l’atmosphère de Vénus. Les chercheurs ont observé que contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’une planète ayant eu des océans, la quantité d’eau dans l’atmosphère vénusienne est bien trop faible pour soutenir cette hypothèse.

En effet, les volcans de Vénus, qui émettent des gaz tels que le dioxyde de carbone et le sulfure de carbonyle, libèrent également de la vapeur d’eau. Toutefois, cette vapeur est rapidement dissociée en raison des températures extrêmement élevées dans l’atmosphère de la planète. Si la vapeur d’eau ne persiste pas, cela signifie que même si des volcans ont libéré de l’eau dans le passé, elle ne pouvait pas être conservée sur le long terme.

Les scientifiques ont également pris en compte la durée de vie des différents gaz présents dans l’atmosphère de Vénus. Ils ont conclu que les volcans de la planète ne peuvent pas avoir émis plus de 6 % d’eau dans l’atmosphère. Un tel pourcentage serait insuffisant pour former des océans ou des mers. De plus, cette faible quantité d’eau indique que Vénus a perdu la majeure partie de son eau très tôt dans son histoire.

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La surface désolée de Vénus. Crédits : NASA/JPL

Recentrer les recherches

La question de savoir si Vénus a jamais été habitable semble désormais clairement tranchée. Selon les dernières recherches, il est peu probable que la planète ait eu des océans ou abrité la vie, du moins telle que nous la connaissons. Si ces résultats se confirment, ils redéfiniront non seulement notre compréhension de Vénus, mais aussi la manière dont nous orientons nos recherches sur d’autres planètes potentiellement habitables.

Bien que cette conclusion puisse être décevante pour ceux qui espéraient que Vénus puisse avoir été une sœur jumelle de la Terre dans le passé, elle offre toutefois une opportunité précieuse : recentrer les efforts scientifiques vers des exoplanètes qui partagent des caractéristiques plus proches de celles de notre planète. Cela pourrait nous rapprocher de la découverte de mondes avec des conditions véritablement favorables à l’émergence de la vie.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.