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Vénus dépouillée de ses océans par son champs électrique

Crédits : NASA/Conceptual Image Lab.

Selon de récentes mesures faites par la sonde Venus Express, l’absence d’eau sur Vénus serait (aussi) due à son champ électrique. D’une puissance rare, ce dernier aurait joué un rôle important dans la disparition des océans de Vénus.

Vénus est à bien des égards la jumelle de la Terre. En terme de taille et de gravité notamment. Malgré tout, son atmosphère, composée essentiellement de dioxyde de carbone, un peu d’azote et des traces de dioxyde de soufre, est très différente de la nôtre. Beaucoup plus dense – la pression atmosphérique à la surface vénusienne est 90 fois plus élevée que sur Terre – l’effet de serre y est incroyable, et il y a entre 10.000 et 100.000 fois moins d’eau que dans l’atmosphère terrestre. Quelque chose a donc dû faire disparaître toute cette vapeur d’eau.

Car oui, les planétologues pensent qu’il y a eu déjà eu de l’eau sur Vénus, il y a 4 milliards d’années. La pensée actuelle voulait qu’en se réchauffant, cette eau se serait vaporisée puis dissociée sous l’effet du rayonnement solaire. Le vent solaire aurait en effet pu séparer les ions hydrogène et ceux d’oxygène en les empêchant de se recombiner. Mais le rayonnement solaire ne serait pas le seul responsable. En témoignent les dernières mesures faites par la sonde Venus Express. Munie d’un spectromètre à électrons, installé sur la sonde, une équipe de planétologues menée par Glyn Collinson, du Goddard Space Flight Center de la NASA, a pour la première fois mesurer avec précision le champ électrique vertical de Vénus. Et ce dernier n’y aurait pas été de main morte.

NASA/Conceptual Image Lab.
Crédits : NASA/Conceptual Image Lab.

Lorsque des ions se forment dans une atmosphère, les électrons étant plus légers que les noyaux d’atomes, les charges négatives se retrouvent en haute altitude tandis que les charges positives se retrouvent au niveau du sol ou à basse altitude. Un potentiel champ électrique vertical se forme alors. Celui de Vénus, d’une puissance exceptionnelle, aurait alors accéléré, poussé les ions d’oxygène (chargés positivement) vers le haut, jusqu’à les faire s’échapper de l’emprise gravitationnelle de Vénus.

« Nous avons constaté que le champ électrique, que nous pensions jusqu’alors comme n’étant qu’un petit rouage au sein d’une grosse machine, est en fait ce gros monstre capable d’aspirer toute l’eau de Vénus par lui-même », a notamment déclaré Collinson.

NASA/Conceptual Image Lab.
Crédits : NASA/Conceptual Image Lab.

Il conclut, non sans humour,  » si vous étiez assez malheureux pour être un ion d’oxygène dans l’atmosphère supérieure de Vénus, alors vous auriez gagné à une terrible, terrible loterie. Vous et tous vos amis ions auraient alors été jeté à coups de pied dans l’espace par une main invisible, et rien n’aurait pu vous sauver. « 

En suggérant un mécanisme capable de priver d’eau une planète semblable à la Terre, proche de son étoile, située dans sa « zone d’habitabilité », là où la chaleur de l’étoile permet la présence d’eau liquide propice à la vie, cette découverte impose de vraiment redéfinir ce qu’on appelle une planète dite « habitable ».

Source : phys

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.