Avec son atmosphère brûlante et corrosive, Vénus n’est pas l’endroit le plus accueillant su Système Solaire. C’est même le pire ! Mais si vous vous sentiez l’âme courageuse, assurez-vous quand même de rester côté jour. Déjà chaotique, l’environnement le devient encore plus une fois la nuit tombée.
Venus Express est une mission spatiale d’exploration du Système solaire de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui avait pour objectif l’étude de la planète Vénus. La sonde, lancée en novembre 2005 s’était finalement placée en avril 2006 sur une orbite très allongée de 24 heures autour de la planète. Elle avait alors commencé à collecter des données détaillées sur sa structure, sa chimie et la dynamique de son atmosphère. Après huit ans en orbite autour de la planète, la sonde aura finalement terminé sa mission par un plongeon audacieux dans l’atmosphère hostile de la planète. La sonde n’est plus, mais l’analyse des données renvoyées continue.
Une équipe de chercheurs s’est récemment appuyée sur les données récoltées par la sonde pour caractériser les vents et les nuages supérieurs du côté nocturne de Vénus pour la première fois. Et les résultats sont très surprenants. L’étude montre en effet que l’atmosphère du côté nocturne de Venus se comporte de manière très différente de celle du côté qui fait face au soleil : « C’est la première fois que nous pouvons caractériser la façon dont l’atmosphère circule du côté nocturne de Vénus », se réjouit Javier Peralta, de l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) et principal auteur de l’étude publiée dans la revue Nature Astronomy. « Alors que la circulation atmosphérique sur le bord de la planète a été largement explorée, il y avait encore beaucoup à découvrir sur le côté nocturne. Nous avons constaté que les modèles de nuages sont très différents, influencés par la topographie de Vénus ».
L’atmosphère de Vénus est dominée par de forts vents qui tournent autour de la planète beaucoup plus vite que Venus elle-même (jusqu’à soixante fois plus rapides). On appelle ça une « super-rotation ». Ce phénomène est d’ailleurs particulièrement prononcé à environ 65 à 72 kilomètres au-dessus de la surface. Les modèles établis avaient prédit que cette super-rotation pouvait se produire de la même manière sur le côté nocturne de Vénus, mais les dernières observations révèlent que celle-ci semble être plus irrégulière et beaucoup plus chaotique. Les résultats montrent que le côté nuit produit des nuages plus grands, ondulés et irréguliers dans des motifs de type « filament » qui ne sont pas observés sur le côté ensoleillé.

Cette étude remet en question notre compréhension actuelle de la modélisation climatique et plus précisément de la super-rotation qui est un phénomène clé sur Vénus. Quant à savoir le pourquoi du comment, les chercheurs ne sont encore sûrs de rien. Le mieux serait encore de se rendre sur place. La NASA annonçait d’ailleurs il y a quelques semaines son intention d’envoyer une flotte de mini satellites en orbite autour de Vénus pour tenter de résoudre les mystères de ses couches de nuages, dont certains absorbent le rayonnement ultraviolet. Il faudra un an et demi à la sonde pour atteindre sa cible.