Ces millions de véhicules « polluants et dangereux » revendus en Afrique

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Selon un nouveau rapport de l’ONU, des millions de vĂ©hicules d’occasion (voitures, fourgonnettes et minibus) sont exportĂ©s chaque annĂ©e d’Europe, des États-Unis, de Chine et du Japon vers des pays plus pauvres. En plus d’Ăªtre dangereux, ces vĂ©hicules sont Ă©galement très polluants, entravant les efforts de lutte contre le changement climatique.

On estime que plus de 1,4 milliard de vĂ©hicules sont actuellement en circulation sur les routes du monde entier. Ce nombre devrait continuer d’augmenter Ă  mesure de l’Ă©volution de la population mondiale. Une grande partie de cette croissance s’opère dans les pays en dĂ©veloppement d’Asie, d’Afrique et d’AmĂ©rique latine. Ce marchĂ© sĂ©duit naturellement de nombreux pays « dĂ©veloppĂ©s » dont le parc automobile est en plein renouvellement. Et forcĂ©ment, il y a des dĂ©rives.

Des millions de véhicules « déversés » vers les pays en développement

Selon un nouveau rapport signĂ© du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), environ 14 millions de vĂ©hicules d’occasion ont Ă©tĂ© exportĂ©s d’Europe, du Japon et des États-Unis vers des pays Ă  revenu faible ou intermĂ©diaire entre 2015 et 2018. Plus de la moitiĂ© de ces pays se trouvent en Afrique. D’après les experts, jusqu’Ă  80% de ces vĂ©hicules ne respectent pas les normes minimales environnementales et de sĂ©curitĂ© des pays exportateurs.

« En 2017, l’Ă¢ge moyen d’un vĂ©hicule diesel importĂ© en Ouganda Ă©tait de plus de 20 ans« , explique Jane Akumu, coauteure de l’Ă©tude. « C’est la mĂªme histoire pour le Zimbabwe. En fait, une trentaine de pays d’Afrique n’ont pas de limite d’Ă¢ge pour les voitures. Ainsi, tout type de vĂ©hicule, quel que soit son Ă¢ge, peut entrer sur ces territoires« .

Ces importations sont notamment responsables de l’augmentation des accidents de la route dans de nombreux pays africains et asiatiques. Et pour cause, les systèmes de freins antiblocages, airbags et autres convertisseurs catalytiques sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©cupĂ©rĂ©s des vĂ©hicules avant importation, ces Ă©lĂ©ments ayant une importante valeur marchande sur le marchĂ© noir.

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Une réglementation plus stricte

Les rĂ©glementations sur les importations de vĂ©hicules dans la majoritĂ© des 146 pays Ă©tudiĂ©s sont donc jugĂ©es « trop faibles« . Aussi, l’ONU demande Ă  ce que les exportateurs et importateurs « s’engagent Ă  mettre en place des règles plus strictes pour endiguer le flux de ces voitures« .

Parmi les vĂ©hicules mentionnĂ©s, plus de 54% provenaient d’Europe, et notamment des Pays-Bas. Les autoritĂ©s nĂ©erlandaises se sont dites prĂ©occupĂ©es par ce commerce, mais le pays ne peut agir seul. Aussi, le ministre nĂ©erlandais de l’Environnement, Stientje van Veldhoven, en appelle Ă  une « approche europĂ©enne coordonnĂ©e » et Ă  « une coopĂ©ration Ă©troite entre les gouvernements europĂ©ens et africains » afin de « garantir que l’UE n’exporte que des vĂ©hicules adaptĂ©s et conformes aux normes fixĂ©es par les pays importateurs« .

Plusieurs pays importateurs ont dĂ©jĂ  durci leurs rĂ©glementations. C’est notamment le cas du Maroc, qui n’autorise que l’importation de voitures de moins de cinq ans. Le Kenya fixe quant Ă  lui dĂ©sormais la « limite d’Ă¢ge » des vĂ©hicules importĂ©s Ă  huit ans.