Récemment, des chercheurs américains et italiens ont détaillé les résultats des analyses d’un vase égyptien à l’effigie du dieu Bès. Ancienne de plus de 2000 ans, cette poterie contenait entre autres des résidus organiques de plantes connues pour leurs propriétés psychotropes et médicinales.
Une boisson couleur sang
Dans la mythologie égyptienne, le dieu Bès prend la forme d’un nain aux longs bras et à la barbe hirsute, associé généralement entre autres à la bonne humeur, la fête et la danse. Bès est originaire du Soudan, si bien que les Égyptiens lui ont porté de l’intérêt seulement à partir du Nouvel Empire (vers-1580). Par ailleurs, les amulettes qui le représentent ont une fonction apotropaïque, c’est-à-dire visant à conjurer le mauvais sort et détourner les influences maléfiques.
Des chercheurs de l’Université de Floride Sud à Tampa Bay (États-Unis) et de l’Université de Trieste (Italie) ont détaillé les résultats de l’analyse d’un vase à l’effigie de Bès qui date d’il y a 2200 ans. Comme l’indique la publication dans la revue Scientific Reports du 13 novembre 2024, les auteurs ont effectué des analyses chimiques de résidus organiques qui se trouvent dans cette poterie.
Selon les résultats, le vase contenait des plantes traditionnelles connues à l’époque pour leurs propriétés psychotropes et médicinales. Les chercheurs ont également révélé la présence d’autres restes : pignons de pin, graines de sésame, raisins et réglisse. Or, cette combinaison d’ingrédients était couramment utilisée pour élaborer une boisson couleur sang. Cependant, les analyses ont découvert des restes de salive et de sang, des fluides corporels qui avaient peut-être été intégrés à la préparation.
Un possible rituel de reconstitution
Selon l’étude, cette découverte laisse penser que les Égyptiens de l’époque tentaient de recréer le mythe de l’œil solaire. Cette légende impliquait le dieu Bès tentant de calmer la déesse de la fertilité Hathor lorsqu’elle était d’humeur sanguinaire. Afin d’arriver à ses fins, Bès servait à Hathor une boisson alcoolisée dopée par une drogue à base de plantes et déguisée en sang. Le vase décrit par les auteurs de l’étude a donc peut-être servi à une sorte de rituel de reconstitution. Toutefois, la poterie aurait pu aussi s’associer à des oracles qui tentaient de prédire l’avenir grâce à des rêves prophétiques.
Afin d’identifier les ingrédients dans le vase, les scientifiques ont utilisé plusieurs méthodes. Or, nous retrouvons parmi ces techniques l’extraction d’ADN ancien ou encore la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier. Cette dernière a recours à la lumière infrarouge afin de définir la composition d’une substance. Enfin, il faut savoir que l’histoire du vase en question est assez difficile à déterminer. Il a été acheté à la galerie d’art Maguid Sameda au Caire (Égypte en 1960), puis finalement acquis par le Museum of Art de Tampa Bay en 1984 où il demeure toujours.