Le variant sud-africain du nouveau coronavirus peut être résistant aux anticorps neutralisants développés par certaines personnes ayant déjà été infectées par les souches précédentes, d’après une étude. Bien qu’il soit peu probable que ce variant puisse échapper complètement à l’immunité, les chercheurs pensent que les vaccins devront probablement être « ajustés » pour mieux correspondre à ces nouvelles souches.
Il y a quelques semaines des chercheurs annonçaient l’émergence de nouvelles souches du coronavirus ayant développé des variations génétiques inquiétantes (20I / 501Y.V1 ou B.1.1.7 au Royaume-Uni, et 20H / 501Y.V2, ou B.1.351 en Afrique du Sud) .
Les virus mutent constamment, ce n’est pas nouveau. En revanche, ces évolutions ont été rapidement prises au sérieux dans la mesure où elles concernent la fameuse « protéine de pointe », un élément clé permettant au virus d’intégrer nos cellules. Un nombre suffisant de mutations aux bons endroits peut en effet rebooster la capacité de l’agent pathogène à infecter des personnes dont le système immunitaire a déjà été formé à reconnaître le virus, soit par une infection naturelle, soit par le biais de la vaccination.
Les experts craignent ainsi que certains variants du coronavirus SARS-CoV-2 entravent les efforts déployés pour limiter la propagation du covid-19 par la vaccination. Et cette préoccupation concerne (pour le moment), principalement le variant sud-africain.
Des anticorps plus aussi neutralisants
Lundi, des chercheurs de l’Institut national des maladies transmissibles (NICD) – l’agence de santé publique d’Afrique du Sud – ont en effet annoncé les résultats de premiers travaux concentrés sur B.1.351 et son rapport avec l’immunité. Dans le cadre de cette étude, ils ont exposé le variant à des échantillons de sang de 44 survivants du covid-19, cherchant à voir si le virus pourrait ou non survivre aux anticorps neutralisants développés suite à l’infection précédente.
Résultat : l’effet neutralisant des anticorps avait été perdu dans les échantillons de sang de la moitié des sujets. Plus largement, les chercheurs ont remarqué une réduction de la capacité de neutralisation affichée par les anticorps dans plus de 90% des échantillons. Soulignons toutefois que ces résultats sont encore préliminaires et basés sur seulement 44 sujets.
En outre, rappelons que les anticorps ne sont pas nos seules défenses contre le coronavirus. Nos cellules T et nos cellules B sont également essentielles. Pour l’heure, il n’est pas question que ce variant puisse être capable de contourner toutes ces défenses à la fois. Nous pourrions alors imaginer une immunité amoindrie, et non complètement effacée, pouvant amener à des réinfections potentiellement plus bénignes que les premières.
Les vaccins, toujours la meilleure arme
À l’heure actuelle, les autorités sanitaires prédisent toujours que des niveaux plus élevés de vaccination au fil du temps réduiront considérablement la transmission de tous ces variants, y compris le sud-africain. Même un vaccin qui perd une certaine efficacité aura probablement encore un impact puissant, à l’instar des vaccins contre les maladies virales à mutation rapide comme la grippe.
De leur côté, Moderna et Pfizer/BioNTech – les sociétés à l’origine des deux principaux vaccins disponibles – ont noté que leurs traitements devraient être efficaces contre les variants découverts jusqu’à présent. Ils ont également déclaré que leurs vaccins pouvaient être modifiés si besoin pour mieux correspondre à ces nouvelles souches.