Variant Omicron : doit-on blâmer la thésaurisation des vaccins en Occident ?

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Les experts avaient prĂ©venu : le non-partage des vaccins anti-covid avec le reste du monde en dĂ©veloppement favorisera l’Ă©mergence de nouveaux variants. L’expansion de B.1.1.529, aussi appelĂ© Omicron, en est un exemple.

Alors que les contaminations Ă  la Covid-19 augmentent Ă  travers le monde, les ministres de la SantĂ© de la France, des États-Unis, du Canada, d’Allemagne, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni se retrouvent lundi Ă  Londres pour discuter de l’évolution du variant Omicron qui prĂ©senterait « un risque très Ă©levé » au niveau mondial selon l’OMS. En attendant, de plus en plus de frontières se referment, tandis que le « monde occidental » insiste sur la nĂ©cessitĂ© de vacciner sa population une troisième fois. Mais est-ce pour autant la bonne solution ?

Limiter la propagation du virus au niveau mondial

On ignore encore prĂ©cisĂ©ment oĂą est « né » Omicron. En revanche, nous savons qu’il a Ă©tĂ© identifiĂ© pour la première fois en Afrique du Sud. Et beaucoup ont blâmĂ© le nationalisme vaccinal pour son Ă©mergence. Alors que les pays les plus riches distribuent des deuxièmes et troisièmes doses de vaccin, moins de 6% des habitants des pays Ă  faible revenu n’ont reçu qu’une seule dose.

Problème : plus un virus se propage, plus les probabilitĂ©s d’Ă©mergence de nouvelles mutations augmentent. Les scientifiques, experts mĂ©dicaux et autres militants avaient pourtant appelĂ© Ă  l’Ă©quitĂ© dans la distribution des premiers vaccins, et ce, dès leur approbation par les autoritĂ©s sanitaires.

« Depuis plus d’un an, l’Afrique du Sud, le Botswana et d’autres pays demandent aux dirigeants mondiaux de renoncer Ă  la propriĂ©tĂ© intellectuelle sur les vaccins, les tests et les traitements contre les coronavirus, afin qu’ils puissent se dĂ©fendre par eux-mĂŞmes« , souligne au Gardian Tim Bierley, un militant pharmaceutique Ă  Global Justice Now. « C’est une mesure vitale qui sera de nouveau discutĂ©e lors de la confĂ©rence de l’Organisation mondiale du commerce la semaine prochaine. Mais jusqu’Ă  prĂ©sent, le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne l’ont imprudemment empĂŞchĂ© de progresser« .

Adam Finn, de l’UniversitĂ© de Bristol et membre du ComitĂ© mixte sur la vaccination et l’immunisation (JCVI), avertit Ă©galement que l’approche consistant Ă  vacciner et revacciner des personnes de plus en plus Ă  faible risque dans les pays riches « rebondirait » sur ces mĂŞmes pays, notant qu’ils se retrouveraient avec plus de morts et plus de dommages Ă©conomiques en consĂ©quence directe.

« Il n’y a aucun besoin d’altruisme ici, juste un intĂ©rĂŞt personnel intransigeant« , poursuit le chercheur. « Mais d’une manière ou d’une autre, les politiciens continuent de ne pas comprendre cela et ceux d’entre nous qui les conseillent se font dire très clairement que tout ce qui se trouve en dehors de nos frontières est en dehors de nos attributions« .

vaccins bhoutan
Vaccination d’un habitant du district de Pema Gatshel. CrĂ©dits : Ministère de la SantĂ© du Bhoutan

Pour l’heure, en Occident, les dirigeants ont tendance Ă  blâmer leurs propres non-vaccinĂ©s. Et pour cause, il est effectivement avĂ©rĂ© que ces personnes sont plus susceptibles de propager le virus de la Covid. En revanche, gardons Ă  l’esprit qu’il s’agit d’une pandĂ©mie mondiale ayant cours dans un monde interdĂ©pendant. Ainsi, tant que le monde entier ne sera pas protĂ©gĂ©, il existera un risque sĂ©rieux d’Ă©mergence de nouveaux variants susceptibles d’Ă©chapper aux tests ou de rendre les vaccins et autres traitements moins efficaces.