Depuis juillet dernier, un visiteur venu d’un autre système stellaire file à travers notre voisinage cosmique, semant le trouble parmi les astronomes. Certains scientifiques de renom ont même osé suggérer l’impensable : et si 3I/ATLAS n’était pas une simple comète, mais une sonde extraterrestre explorant notre coin de galaxie ? Un radiotélescope sud-africain vient de trancher la question, révélant au passage que la réalité dépasse peut-être la fiction.
Le signal qui change tout
Le radiotélescope MeerKAT, niché dans le désert sud-africain du Karoo, a capté quelque chose d’inattendu en pointant ses antennes vers 3I/ATLAS fin octobre. Non pas le silence radio d’un vaisseau métallique furtif, mais bien la signature chimique caractéristique d’une comète en pleine activité. L’installation a détecté des raies d’absorption à 1 665 et 1 667 mégahertz, fréquences révélatrices de la présence de radicaux hydroxyles dans l’espace.
Pour comprendre l’importance de cette découverte, il faut s’intéresser à ce qui se passe lorsqu’une comète s’approche du Soleil. La chaleur croissante provoque un phénomène étrange appelé sublimation : la glace à sa surface ne fond pas, elle passe directement de l’état solide à l’état gazeux. Durant ce processus, chaque molécule d’eau gelée se fragmente en un radical hydroxyle et un atome d’hydrogène. C’est d’ailleurs cette libération de gaz qui forme la queue lumineuse emblématique des comètes.
Quand Harvard flirte avec l’extraterrestre
L’hypothèse d’un vaisseau spatial n’est pas sortie de nulle part. Avi Loeb, astronome respecté de l’université Harvard, avait alimenté cette théorie audacieuse après que plusieurs tentatives de détection des radicaux hydroxyles se soient soldées par des échecs. Si les télescopes ne captaient aucune trace de sublimation, raisonnait-il, peut-être cet objet n’était-il pas fait de glace et de roche, mais de métal et de technologie.
Les observations de MeerKAT, réalisées le 24 octobre alors que 3I/ATLAS n’était plus qu’à cinq jours de son point le plus proche du Soleil, ont finalement apporté la réponse manquante. DJ Pisano, professeur d’astronomie à l’Université du Cap, et son équipe ont publié leurs résultats préliminaires sur The Astronomer’s Telegram, mettant ainsi fin aux spéculations les plus extravagantes. Même Loeb, dans un article de blog récent, a reconnu l’importance de ces découvertes, bien qu’il n’écarte pas totalement toute explication technologique.

Une comète qui défie toutes les règles
Mais voilà où l’histoire devient vraiment captivante : confirmer que 3I/ATLAS est une comète naturelle ne la rend pas banale pour autant. Au contraire, elle se révèle être l’une des comètes les plus étranges jamais observées.
D’abord, son pedigree est exceptionnel. 3I/ATLAS est seulement le troisième objet interstellaire jamais repéré par l’humanité. Contrairement aux dizaines de milliers de comètes natives de notre système solaire, celle-ci vient d’ailleurs, portant dans sa composition chimique les secrets d’un système stellaire lointain et inconnu.
Les premières analyses révèlent des anomalies troublantes. Son rapport dioxyde de carbone sur eau figure parmi les plus élevés jamais mesurés pour une comète. Certains indices suggèrent même qu’elle pourrait être plus ancienne que notre propre système solaire, vestige d’une époque où les étoiles de notre région galactique étaient encore jeunes. Plus étonnant encore, 3I/ATLAS présente une polarisation négative extrême, un phénomène si inhabituel qu’il pourrait définir une catégorie entièrement nouvelle de comètes.
Un adieu qui n’en est pas vraiment un
3I/ATLAS s’éloigne désormais de nous, retournant vers les profondeurs glaciales de l’espace interstellaire. Mais son départ ne signifie pas la fin des découvertes. Plusieurs sondes spatiales et télescopes continuent de la suivre, glanant chaque information possible avant qu’elle ne disparaisse dans l’obscurité cosmique.
Chaque nouvelle observation semble apporter son lot de surprises. Ce visiteur venu d’ailleurs nous offre une fenêtre unique sur les conditions qui règnent dans d’autres systèmes planétaires, nous rappelant qu’entre un vaisseau alien imaginaire et une comète réelle aux propriétés inédites, c’est parfois la nature qui écrit les scénarios les plus extraordinaires.
