Le stress thermique dû aux épisodes de chaleur humide extrêmes affectera entre 500 millions et 1,2 milliard de personnes par an d’ici à 2100. Un intervalle qui dépend du scénario climatique retenu : respect des Accords de Paris ou poursuite des émissions au rythme actuel. Les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Research Letters le 5 mars dernier.
Actuellement, la température moyenne sur Terre s’est réchauffée d’environ 1 °C par rapport à la période préindustrielle. Quoi que nous fassions, l’élévation thermique se poursuivra sur les dix à vingt prochaines années au moins. En effet, à cet horizon, la trajectoire est déjà engagée par les gaz effet de serre (GES) émis au cours des dernières décennies. Quand on parle d’actions pour limiter le réchauffement, on parle donc essentiellement de la seconde moitié du siècle.
La dangerosité des épisodes de chaleur humide
Dans une étude, des chercheurs ont évalué la proportion de la population mondiale qui risque d’être concernée par un stress thermique d’ici la fin du siècle. Et ce, selon différents scénarios de réchauffement global. « Lorsque nous examinons les risques associés à une planète plus chaude, nous devons accorder une attention particulière aux extrêmes combinant chaleur et humidité. Lesquels sont particulièrement dangereux pour la santé humaine » précise Robert E. Kopp, un des co-auteurs du papier. En effet, les précédents travaux de ce type tendaient à ne prendre en compte que la température dite sensible.
Chacun a déjà expérimenté l’inconfort manifeste qui accompagne les périodes chaudes et humides (au sens du degré hygrométrique de l’air). Dans ces conditions, la capacité qu’a le corps à se refroidir par transpiration est fortement diminuée. Aussi, sa température s’élève et le métabolisme s’en retrouve affecté. Un paramètre souvent utilisé pour évaluer le degré de sévérité de la chaleur est la température du thermomètre-globe mouillé.
Cette dernière prend en compte la température, l’humidité mais également d’autres variables que nous n’aborderons pas dans cet article. Plus sa valeur est élevée, plus l’inconfort et les risques pour la santé augmentent (coup de chaleur, malaise, hyperthermie, etc.). Les épisodes de chaleur humide se présentent donc comme une menace très directe pour le vivant.
Jusqu’à 1,2 milliard de personnes touchées chaque année
Or, les simulations effectuées par les scientifiques montrent que les extrêmes de ce type se multiplient rapidement avec le changement climatique. 500 millions de personnes seraient affectées chaque année dans le cas d’un scénario optimiste où le réchauffement est limité à 1,5 °C. Ce chiffre passe à 800 millions pour une hausse maintenue à 2 °C. Enfin, si les émissions de GES se maintiennent au rythme actuel, ce sont plus de 1,2 milliard de personnes qui se retrouveraient exposées. Autrement dit, plus de 4 fois la valeur actuelle. Le réchauffement aurait alors atteint 3 °C en moyenne globale.
Les zones affectées se concentrent tout particulièrement dans la bande tropicale où l’air est déjà naturellement chaud et humide. Mais des zones plus tempérées comme l’Amérique du Nord subissent également de tels extrêmes. Dans ces régions, l’évolution est toute aussi menaçante. Prenons le cas de New York. Avec un climat 3 °C plus chaud, les épisodes de chaleur humide extrêmes se produiraient près de 24 jours par an. Des chiffres qui rappellent l’urgence d’agir dès maintenant pour limiter autant que possible la hausse des températures en seconde partie de siècle.
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