Les vagues de chaleur marines, un phénomène en croissance rapide

Vague de chaleur marine observée en septembre 2019 dans le nord-est du Pacifique. Crédits : NASA Earth Observatory.

Des chercheurs de l’Académie chinoise des sciences ont élaboré une base de données climatiques destinée à améliorer l’étude et le suivi des vagues de chaleur marines. Les détails de ce nouveau jeu d’observations ont été présentés dans la revue Advances in Atmospheric Sciences le 14 mai dernier.

Les vagues de chaleur ne sont pas un phénomène propre à l’atmosphère. En effet, elles se manifestent également dans les mers et les océans où elles peuvent persister jusqu’à plusieurs années. Ces vagues de chaleur marines ont des impacts potentiellement irréversibles sur les écosystèmes marins ou côtiers et, par effet ricochet, sur des secteurs socio-économiques comme la pêche ou la santé. Comprendre leur évolution dans un contexte de réchauffement global du climat est donc un enjeu majeur.

Une multiplication des vagues de chaleur marines dans (presque) toutes les régions du monde

Dernièrement, des chercheurs ont mis à disposition de la communauté spécialisée une base de données à haute résolution destinée au suivi des vagues de chaleur marines à la fois en temps réel avec une mise à jour quotidienne, mais également du point de vue historique, au cours des dernières décennies. À ce titre, on constate une nette hausse de la fréquence des épisodes de chaleur depuis le début des années 2000, et ce, dans la plupart des bassins océaniques.

Parmi les évènements récents les plus intenses, notons les vagues de chaleur survenues à l’ouest de l’Australie en 2011, au nord-ouest de l’Atlantique en 2012, autour de l’Australie en 2015-2016 et au nord-est du Pacifique en 2014-2016, puis en 2019, celle que l’on a appelée The blob. Dans leur étude, les chercheurs indiquent que ces évènements ont été associés à des crises de blanchiment corallien et à un fort taux de mortalité des espèces marines.

vagues de chaleur marines
Évolution de la fréquence des vagues de chaleur marines dans le monde entre 1982 et 2020. En couleurs chaudes, les zones où l’on observe une augmentation. Crédits : X. Zhang & coll. 2022.

Sur les quatre zones de pêche les plus productives du monde, trois font face à une augmentation des épisodes de chaleur. Il va sans dire que si une telle évolution venait à se poursuivre, autrement dit si rien n’est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la productivité menace de chuter de façon critique compte tenu des besoins alimentaires qui continuent de croître. Seule la zone de pêche qui jouxte le Pérou semble épargnée, probablement en lien avec la remontée d’une eau plus froide depuis les profondeurs.

Enfin, outre la tendance de fond qui vient d’être évoquée, les données montrent la présence d’une variabilité décennale. Autrement dit, la mobilité naturelle du système climatique va amener des décennies plus ou moins fournies en vagues de chaleur marines. Des phénomènes comme El Niño ou l’oscillation décennale du Pacifique jouent un rôle essentiel dans ce type de variabilité.