Vaccins à ARN messager : une révolution pour la recherche contre le cancer ?

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Crédits : HeungSoon / Pixabay

Alors que la pandémie de Covid-19 se poursuit encore, les annonces préliminaires de Pfizer-BioNTech, mais aussi Moderna sont source d’espoir. L’efficacité et l’apparente relative innocuité de leurs vaccins à ARN messager ouvrent par ailleurs la voie à une révolution dans la recherche pour lutter contre le cancer.

Comment fonctionne ce type de vaccin ?

Début novembre 2020, Pfizer et BioNtech annonçaient l’arrivée de leur vaccin à ARN messager efficace à 90 % contre l’actuel coronavirus SARS-CoV-2. Celui-ci est d’ores et déjà disponible depuis une semaine au Royaume-Uni et depuis quelques jours aux États-Unis. Pfizer et BioNtech prévoient de produire 50 millions de doses avant la fin décembre 2020 et pas moins de 1,3 milliard en 2021. Quant à la société Moderna, celle-ci attend une approbation des autorités européennes le 12 janvier 2021 pour son vaccin à ARN messager.

Ces vaccins s’appuient sur des capsules de nanoparticules grasses afin de délivrer des fragments de code génétique sous forme d’ARN messager (ou ARNm) du SARS-CoV-2 dans les cellules humaines. Concrètement, ces « morceaux de codes » sont un extrait génétique de la fameuse protéine de pointe du virus grâce à laquelle il s’accroche aux cellules humaines avant d’initier une infection. Une fois à l’intérieur des cellules humaines, ces extraits génétiques sont “lus” par les cellules humaines. Ces dernières produisent alors le fragment de protéine. Celui-ci est ensuite utilisé pour entraîner le système immunitaire à détecter et détruire le virus.

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Crédits : Fotoarena/Sipa USA/SIPA

L’âge des thérapies par l’ARN messager

Dans un article publié par Bloomberg le 13 décembre 2020, les scientifiques pensent déjà à l’avenir. Les applications de l’ARN messager pourraient en effet aller bien au-delà de la lutte contre le coronavirus. Dans un avenir proche, la lutte contre le cancer et d’autres maladies pourrait entrer dans une nouvelle ère grâce à ce type de thérapie. Et pourtant, cette idée n’est pas nouvelle et traîne dans les laboratoires depuis des années, voire des décennies. Malgré les obstacles biologiques, financiers et humains, il semble donc que la médecine par l’ARN messager fonctionne.

Évidemment, tout s’est accéléré avec la pandémie actuelle, puisque les gouvernements ont investi des milliards pour financer de vastes recherches. Et ces investissements et autres ressources pourraient se multiplier. Et la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2 est donc la première application à grande échelle de cette technique.

Traiter d’autres maladies à l’avenir

Uğur Şahin, le CEO de Moderna, explique avoir débuté des recherches sur le cancer il y a vingt ans. Selon lui, le vaccin contre le coronavirus est d’ailleurs issu de l’exploitation de ces travaux à d’autres fins. Il a également affirmé que les premiers traitements contre le cancer basés sur l’ARN messager pourraient voir le jour dans deux ou trois ans. Ceux-ci pourraient apprendre à l’organisme à lutter directement contre les cellules cancéreuses, et seulement ces cellules. Plusieurs résultats ont déjà vu le jour, décevants pour traiter le cancer colorectal, mais plutôt encourageants concernant les cancers de la tête et du cou.

Toutefois, le cancer n’est pas le seul type de maladie visée. D’autres vaccins plus efficaces contre la grippe, mais aussi des traitements visant certaines pathologies cardiaques, la mucoviscidose (maladie génétique) ou encore le cytomégalovirus pourraient aussi voir le jour. De plus, le VIH pourrait être également concerné. Si les plus grands espoirs sont permis, rien n’est toutefois encore gagné et la patience sera de mise.