Une équipe de chercheurs britanniques a récemment mis au point un moyen d’inoculer un vaccin sans avoir recours à une seringue. Pour réaliser cette prouesse, les scientifiques exposent le mélange liquide à des ultrasons pour une administration tout en douceur, de quoi ravir les personnes ayant la phobie des seringues.
Une alternative aux seringues lors d’un vaccin
Pour rappel, la bélénophobie n’est autre que la peur extrême des gestes médicaux qui impliquent l’usage des seringues hypodermiques et des injections. Incluse en 1994 dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) en tant que phobie spécifique de type sang-injection-blessure, la bélénophobie concernerait environ 10 % des adultes, rien qu’aux États-Unis. Toutefois, ce chiffre est sans aucun doute sous-estimé puisque bon nombre de patients atteints par ce trouble évitent toute intervention médicale.
Dans un communiqué publié le 3 décembre 2023, un doctorant en médecine à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) a présenté une possible alternative aux seringues, notamment dans le cadre de l’administration de vaccins. Pour ce faire, Darcy Dunn-Lawless et son équipe ont mélangé des molécules de vaccin et de minuscules protéines en forme de bol, avant d’appliquer le tout sur la peau de souris. Ensuite, le mélange a été exposé à des ultrasons durant environ 90 secondes.
Dans l’attente de recherches complémentaires
Dans un premier temps, les ultrasons ont poussé le mélange à l’intérieur de l’épiderme dans lequel les protéines en forme de bol ont généré de petites bulles de vaccin. Ensuite, les bulles ont éclaté sous l’effet des ultrasons, libérant le vaccin dans l’organisme. Selon les chercheurs, cette méthode est plus superficielle qu’une injection de vaccin dans un muscle, mais serait tout de même suffisante pour procurer une immunité aux patients. Les résultats ont montré que si la dose de vaccin était 700 fois moins importante que lors d’une injection classique, les souris ont produit davantage d’anticorps.
Pour les auteurs de l’étude, le phénomène s’expliquerait par une présence plus importante des cellules immunitaires dans la peau plutôt que dans les muscles. Toutefois, il n’existe encore aucune certitude, si bien que les médecins travaillent toujours sur la question. Les chercheurs vont tenter de mieux quantifier l’explosion des bulles de vaccin en mesurant les sons produits pour un meilleur contrôle de leur régularité et donc de leur efficacité.
La vaccination par ultrasons est encore très loin d’une démocratisation pour une application sur les humains. En revanche, dans le cas où la poursuite des travaux valide la technologie, son apport sera considérable. Kate Edwards, professeure à l’université de Sydney (Australie), estime en effet que cette technique pourrait pousser les patients les plus réticents à se faire vacciner, notamment les bélénophobes.