Percée : un vaccin prometteur contre la polyarthrite rhumatoïde

polyarthrite rhumatoïde
Crédits : nastya_gepp

Selon une équipe américaine de chercheurs, un vaccin expérimental à base de protéines s’est révélé très prometteur pour la prévention de la polyarthrite rhumatoïde chez des modèles murins. La prochaine étape sera de tester l’innocuité et l’efficacité de ce vaccin dans des essais cliniques.

Qu’est-ce que la polyarthrite rhumatoïde ?

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est l’inflammation de plusieurs articulations induite par des facteurs rhumatoïdes, des anticorps dirigés contre d’autres anticorps de la même personne. Ces facteurs rhumatoïdes sont caractéristiques des maladies auto-immunes qui résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire conduisant ce dernier à s’attaquer aux constituants de l’organisme.

Si l’arthrose ne touche que le cartilage, la polyarthrite rhumatoïde affecte quant à elle tous les éléments d’une articulation. L’inflammation entraîne une surproduction de liquide synovial. En conséquence, la membrane synoviale s’épaissit et l’articulation enfle. La capsule et les tendons vont alors durcir et devenir très douloureux. Viennent ensuite les érosions du cartilage.

La polyarthrite rhumatoïde apparaît progressivement au niveau des poignets, des mains et des pieds, avant de s’attaquer aux genoux ou aux coudes. Les articulations se raidissent et deviennent alors très douloureuses, avec des pics de douleurs pouvant survenir la nuit. De fait, la polyarthrite rhumatoïde entraîne des répercussions fonctionnelles et psychologiques parfois très graves.

Pas encore de remède miracle

La maladie touche surtout les personnes âgées de quarante à soixante ans. Dans cet intervalle, elle est quatre fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Au-delà de soixante-dix ans, cette différence entre les genres disparaît. On estime que cette maladie touche environ 300 000 personnes en France, soit environ 0,5 % de la population.

Cela dit, il n’y a aujourd’hui aucun remède contre la polyarthrite rhumatoïde. Toutefois, un diagnostic précoce peut aider à soulager les symptômes grâce à l’utilisation de médicaments capables de bloquer les effets des produits chimiques libérés lorsque le système immunitaire attaque les articulations.

Au cours de ces dernières années, des chercheurs de l’Université de médecine et des sciences de la vie de Toledo ont néanmoins travaillé sur un nouveau traitement. Leurs travaux se concentraient sur une protéine appelée 14-3-3 zeta susceptible de jouer un rôle important dans l’arthrite inflammatoire. Ils ont alors émis l’hypothèse que cette protéine pourrait être le déclencheur de la maladie. En réalité, c’était tout l’inverse.

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Crédits : nastya_gepp

Un vaccin potentiellement révolutionnaire

Dans le cadre d’un essai, en s’appuyant sur l’édition de gènes, les chercheurs ont en effet éliminé cette protéine dans l’organisme de modèles murins (principalement des rats) affectés par la maladie dans l’espoir que les rongeurs développent une arthrite inflammatoire réduite. En réalité, ils n’ont fait qu’empirer les choses, les rats développant une arthrite sévère à début précoce.

Dans une autre approche, les chercheurs ont alors proposé à différents rats un vaccin rempli de 14-3-3 zêta avant qu’ils ne développent la maladie. Étonnamment, cela a entraîné la suppression de l’apparition de l’arthrite chez tous les sujets.

« À notre grande surprise, la polyarthrite rhumatoïde a totalement disparu chez les animaux qui ont reçu un vaccin« , affirme la Dre Ritu Chakravarti, principale auteure de l’étude. « Si nous parvenons à mener ce vaccin aux essais cliniques, ce sera révolutionnaire« .

D’après les auteurs, cette protéine peut donc avoir un véritable effet immunosuppresseur, empêchant les marqueurs immunitaires inflammatoires d’attaquer les propres cellules du corps. Comme pour toutes les études animales, rien de dit que l’innocuité et l’efficacité d’un tel vaccin pourraient également être observées chez l’Homme, mais en cas de succès, une telle approche pourrait soulager des millions de personnes à travers le monde.

L’équipe est maintenant à la recherche d’un brevet et de partenaires pour les aider à établir un essai préclinique.