Covid-19 : Tout ce que vous devez savoir sur le vaccin de Pfizer

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Crédits : Fotoarena/Sipa USA/SIPA

Un vaccin expérimental développé par Pfizer et BioNTech s’est révélé efficace dans la prévention des infections à la Covid-19 dans les essais de phase 3, ont annoncé lundi les deux laboratoires. Pour le reste, c’est encore un peu flou. Que sait-on exactement ?

La nouvelle a fait du bruit, laissant entrevoir une lueur au bout du long tunnel. Un vaccin développé conjointement par Pfizer (États-Unis) et BioNTech (Allemagne) serait « efficace à 90 % » pour prévenir les infections à la Covid-19 selon les deux laboratoires, qui s’appuient sur les résultats préliminaires de leur essai à grande échelle de phase 3 toujours en cours. Les deux sociétés concernées comptent même formuler une demande d’autorisation d’utilisation d’urgence à la FDA, l’agence sanitaire américaine. Sous réserve de son homologation, le vaccin pourrait être disponible avant la fin décembre.

Des chercheurs et experts du monde entier ont naturellement salué cette avancée. Ils appellent toutefois à la prudence, soulignant le manque de données détaillées.

Comment fonctionne le vaccin

Nommé BNT162b2, le vaccin de Pfizer et BioNtech est une formule à base d’ARNm. Comme celui développé par Moderna, ce vaccin s’appuie sur des capsules de nanoparticules grasses pour délivrer des fragments de code génétique sous forme d’ARN messager (ou ARNm) du SARS-CoV-2 dans les cellules humaines. Concrètement, ces « morceaux de codes » sont un extrait génétique de la fameuse protéine de pointe du virus grâce à laquelle il s’accroche aux cellules humaines avant d’initier une infection.

Une fois livrés à l’intérieur des cellules humaines, ces extraits génétiques sont « lus » par les cellules humaines qui produisent alors le fragment de protéine. Celui-ci est ensuite utilisé pour entraîner le système immunitaire à détecter et détruire le virus.

Pfizer et BioNtech ont déjà publié des données sur leur vaccin dans le cadre d’essais antérieurs. Ces premiers résultats avaient alors montré que leur solution entraînait une réponse immunitaire. Ils n’ont également relevé aucun effet secondaire grave, soulignant tout de même quelques effets légers courants tels que des douleurs sur le site d’injection, des douleurs musculaires, de la fatigue, de la fièvre ou encore des maux de tête.

Les deux laboratoires ont également relevé que leur vaccin semblait provoquer des niveaux plus élevés d’anticorps contre le SARS-CoV-2 que ceux observés chez les personnes ayant récupéré de la Covid. En outre, leur vaccin aurait suscité de fortes réponses des lymphocytes T, ce qui est essentiel pour envisager une protection immunitaire à long terme.

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Crédits : fotoblend/pixabay

L’essai de phase III

Pfizer et BioNTech ont commencé leur essai clinique de phase III le 27 juillet 2020. Au total, 43 538 participants originaires des États-Unis, d’Argentine, du Brésil, d’Afrique du Sud, d’Allemagne et de Turquie ont été recrutés. Tous ont été répartis en deux groupes : l’un, de 38 955 sujets, a reçu le vaccin en deux injections à 21 jours d’intervalle et l’autre un placebo.

La protection des patients aurait alors été obtenue sept jours après l’injection de la deuxième dose (soit 28 jours après la première). D’après Pfizer et BioNTech, ce fameux « taux d’efficacité vaccinale de plus de 90 % » a été mesuré en comparant le nombre de participants infectés par le coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo. Concrètement, cette première analyse a été menée après que 94 participants à l’essai ont contracté le coronavirus. Les chercheurs ont ensuite déterminé combien de ces participants infectés avaient reçu le vaccin, et combien avaient reçu le placebo.

Rester prudents

Bien que cette nouvelle soit effectivement positive, certaines données manquantes doivent nous amener à rester prudents. Par exemple, on ne sait pas si le vaccin est capable de prévenir les cas graves ou mortels de la Covid-19. De plus, l’essai n’a considéré que les cas ayant au moins un symptôme prédéterminé de la maladie et un test positif. Ainsi, ces premières données d’essai n’indiquent pas si le vaccin pourrait prévenir une infection asymptomatique. Enfin, il est aujourd’hui impossible de savoir combien de temps pourrait durer cette apparente protection ni si des effets secondaires plus graves pourraient se développer à moyen ou à long terme.

En attendant, Pfizer et BioNTech préparent leurs données en vue d’une publication dans une revue scientifique à comité de lecture. Ils soulignent être en mesure de produire jusqu’à 50 millions de doses de vaccin dans le monde en 2020 et jusqu’à 1,3 milliard de doses en 2021.