Un nouveau vaccin contre la maladie de Lyme en cours de développement a montré des résultats prometteurs dans le cadre de tests menés sur des modèles murins. Reste à traduire ces mêmes résultats chez l’Homme. Les détails de l’étude sont rapportés dans la revue Science Translational Medicine.
Les tiques à pattes noires (Ixodes scapularis) sont connues pour transmettre la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme. En France, entre 25 000 et 68 000 cas ont été recensés chaque année en 2009 et 2019. Si l’infection ne déclenche souvent aucun symptôme, elle peut néanmoins parfois entraîner une maladie invalidante caractérisée par exemple par des douleurs articulaires durables ou une paralysie partielle des membres.
Pour l’heure, le traitement repose sur la prise d’antibiotiques (en cas d’atteinte neurologique) associée à un traitement à base de corticoïdes. Mais pourrions-nous empêcher la transmission de ces bactéries en premier lieu ? Des chercheurs y travaillent.
Faire décrocher la tique
Certains animaux, notamment les lapins, développent une résistance naturelle aux piqûres de tiques après avoir été mordus plusieurs fois. Une zébrure rouge enflammée se forme alors sur le site de la morsure. Cette réaction immunitaire interfère avec la capacité de la tique à aspirer le sang de l’animal. Très souvent, la tique abandonne finalement son repas en se décrochant.
Or, il faut savoir que le vecteur de la maladie ne se transmet pas immédiatement. Pour ce faire, en règle générale, une tique doit en effet rester attachée à son hôte plus de 48 heures. Dans le but de se faire discrète et de manger tranquillement, la tique sécrète de la salive contenant des protéines qui suppriment la réponse immunitaire de l’hôte, ce qui réduit la douleur et l’inflammation déclenchées par la morsure.
Ainsi, chez les animaux immunisés, la tique tombe généralement avant que les agents pathogènes ne puissent être transférés. Pour lutter contre la maladie de Lyme en premier lieu, il faut donc amener les tiques à « décrocher » rapidement en quelque sorte.

ARN messager
Dans cet esprit, une équipe de l’Institut de parasitologie de l’Académie tchèque des sciences travaille sur le développement d’un vaccin ARNm capable de déclencher une réponse immunitaire spécifiquement contre les protéines contenues dans la salive de ces tiques.
Pour ce faire, les chercheurs ont isolé dix-neuf de ces protéines, certaines connues pour supprimer la réponse immunitaire de l’hôte, d’autres connues pour aider la tique à se nourrir en dilatant les vaisseaux sanguins de la cible et en empêchant le sang de coaguler. L’équipe a ensuite généré de l’ARNm contenant des instructions génétiques sur la façon de construire chacune de ces protéines. Cet ARNm a ensuite été emballé dans des nanoparticules lipidiques, avant d’être injecté dans des cochons d’Inde.
Deux semaines plus tard, les chercheurs ont examiné le sang des rongeurs et isolé des anticorps spécifiques contre dix des dix-neuf protéines de tiques incluses dans le vaccin.
Ils ont ensuite placé des tiques non infectées sur les animaux pour voir si leurs piqûres déclencheraient une réponse immunitaire. Les vaccinés ont effectivement développé une rougeur « substantielle » autour des piqûres de tiques dans les dix-huit heures. En comparaison, les membres du groupe témoin non vaccinés présentaient peu de rougeurs autour du site de leur morsure.
En outre, les tiques attachées aux animaux vaccinés ont consommé peu de sang et ont commencé à se détacher dans les 48 heures. Après 96 heures, plus de 80% d’entre elles avaient abandonné leur hôte contre seulement 20% des tiques sur les animaux non vaccinés.
Un vaccin prometteur
Pour voir si le vaccin pouvait ensuite aider ou non à réduire le risque de transmission de maladie de Lyme, l’équipe a mené une seconde expérience dans laquelle ils ont placé trois tiques sur chaque animal. Étant donné que les humains remarqueraient et retireraient probablement une tique si elle causait une rougeur importante sur leur peau, l’équipe a décroché les insectes une fois la rougeur développée autour de leurs piqûres.
Après l’expérience, six des treize cochons d’Inde non vaccinés ont été testés positifs pour B. burgdorferi , tandis qu’aucun des cobayes vaccinés ne l’était.
Cette recherche n’en est évidemment qu’à ses débuts et ces résultats doivent encore se traduire chez l’Homme. Toutefois, les auteurs soupçonnent que les humains pourraient réagir au vaccin « d’une manière similaire aux cochons d’Inde« , car aucune de nos deux espèces n’est véritablement importante le cycle de vie naturel de cette bactérie.