Ce vaccin « anti-âge » augmente la durée de vie des souris. Fonctionnera-t-il chez les humains?

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Un vaccin expérimental testé chez des souris a permis d’éliminer plusieurs cellules sénescentes ciblées. Cela a permis de prolonger la vie des rongeurs et d’inverser certains signes de maladie liés à l’âge. Les chercheurs prévoient des essais cliniques chez l’Homme, mais il y a encore du chemin.

Nos cellules sont programmées pour se diviser un certain nombre de fois au cours de notre vie, puis cessent de le faire avant de mourir (elles sont alors sénescentes) et d’être éliminées par le système immunitaire. Avec l’âge, cette fonction d’élimination devient en revanche moins efficace. Les cellules sénescentes s’accumulent alors et sécrètent des facteurs générant des inflammations chroniques souvent associées avec les maladies liées à l’âge.

Au cours de ces dernières années, des scientifiques ont travaillé au développement de « thérapies sénolytiques » ou de médicaments capables d’éliminer les cellules sénescentes de notre corps. Certains de ces médicaments ont produit des résultats et sont entrés dans des essais cliniques. Cependant, la plupart de ces agents sénolytiques inhibent les voies anti-apoptotiques, augmentant la possibilité d’effets hors cible dans les tissus normaux.

Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs se sont tournés vers le développement d’un vaccin capable d’entraîner le système immunitaire à rechercher les cellules sénescentes et à les détruire.

Trouver la bonne cible

Pour développer leur vaccin, les chercheurs ont ciblé un antigène sur un unique type de cellule : les cellules endothéliales vasculaires sénescentes. Ces dernières tapissent l’intérieur des artères, des veines et des capillaires. Après avoir analysé les protéines apparaissant en grande quantité à la surface de ces cellules, les chercheurs ont jeté leur dévolu sur la « glycoprotéine non métastatique de la protéine B du mélanome » (ou plus simplement GPNMB).

Pour ces travaux, l’équipe a ensuite examiné des échantillons de tissus de patients humains atteints d’athérosclérose (des dépôts de plaques dans les artères). Ils ont alors découvert que leurs cellules endothéliales vasculaires portaient effectivement beaucoup plus de GPNMB que les cellules de ceux qui n’avaient pas la maladie. Partant de ce constat, les chercheurs ont donc voulu voir si l’élimination des cellules chargées en GPNMB aiderait à réduire la densité de ces plaques.

Pour ce faire, ils se sont appuyés sur des souris souffrant d’athérosclérose. Ils ont éliminé les cellules chargées en GPNMB et découvert que la quantité de plaques dans les artères des souris diminuait effectivement rapidement. Ces résultats ont convaincu l’équipe de faire du GPNMB la cible privilégiée de leur vaccin.

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Des résultats prometteurs

Les chercheurs ont développé un vaccin dit « peptidique », qui cible de courts segments d’une séquence protéique plus longue. L’équipe a vacciné des souris d’âge moyen et âgées d’un peu plus d’un an. Une fois injecté, le sérum aurait alors incité le système immunitaire à créer des anticorps contre des portions de la protéine GPNMB. Les cellules positives, les plaques artérielles et les molécules inflammatoires auraient ensuite significativement diminué chez les souris ayant reçu le vaccin.

Les marqueurs moléculaires spécifiques de la sénescence étaient également réduits chez les souris vaccinées. Les souris ayant reçu une injection de placebo se sont aussi déplacées moins souvent et plus lentement à l’âge d’un an et demi, tandis que les vaccinées sont restées beaucoup plus vives. Enfin, l’équipe a découvert que les souris bénéficiant du vaccin vivaient un peu plus longtemps que les souris recevant le placebo. Par ailleurs, aucun effet secondaire n’a été signalé.

« Les données étaient extrêmement solides… Je pense que c’est une très bonne preuve de principe « , Paul Robbins, de l’Institut sur la biologie du vieillissement et du métabolisme à l’Université du Minnesota.

Ces travaux sont évidemment encourageants. À terme, les chercheurs prévoient de tester l’efficacité de ce produit dans le cadre d’essais cliniques. Avant cela, ils devront en revanche tester son innocuité sur des primates non humains. En outre, rappelons que tous les résultats mesurés chez la souris ne se traduisent pas nécessairement chez l’Homme. L’équipe prévoit également le développement de vaccins supplémentaires qui ciblent différents types de cellules sénescentes.