Découverte d’un « vomi » du Jurassique dans l’Utah

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La régurgitalite contient près d'une douzaine d'ossements provenant de plusieurs espèces d'amphibiens. Crédits : John Foster

Au temps du Jurassique, une créature s’est gavée de petits amphibiens préhistoriques avant de régurgiter son repas. Plusieurs dizaines de millions d’années plus tard, des paléontologues ont découvert les restes de cette régurgitalite (des restes fossilisés du contenu de l’estomac d’un animal). Leurs travaux sont publiés dans la revue Palaios.

Les chercheurs ont fait cette incroyable découverte il y a quatre ans lors d’une excavation menée dans la formation de Morrison, au sud-est de l’Utah (États-Unis). Le site, qui s’étend à travers l’Ouest américain, est connu pour ses nombreux fossiles datant de la fin du Jurassique (il y a 164 à 145 millions d’années). La section étudiée, surnommée le « bar à salade jurassique » par les paléontologues, contient généralement les restes fossilisés de plantes et d’autres matières organiques, et non des restes d’animaux.

De ce fait, les chercheurs ont été surpris de tomber un petit tas compact d’ossements fossilisés régurgités qui ne ne mesuraient pas plus d’un centimètre carré.

Les restes de petits amphibiens

Au départ, les chercheurs pensaient avoir simplement découvert les os d’une créature, peut-être d’une ancienne salamandre. Très vite, ils se sont finalement rendu compte que les pièces du puzzle ne correspondaient pas.

Selon eux, les restes appartenaient à au moins deux espèces d’amphibiens (une salamandre et une grenouille). Ces restes comprenaient près d’une douzaine de fragments de fémurs et de vertèbres, ainsi qu’une matrice de tissus mous fossilisés. Les restes de la salamandre pourraient représenter un juvénile des espèces Valdotriton ou Comonecturoides. A priori, il ne s’agit pas d’un nouveau taxon. Le matériel de grenouille n’est en revanche pas identifiable à un taxon spécifique.

Dès lors, les auteurs ont proposé l’idée d’une régurgitalite, imaginant les restes d’un repas régurgité par un ancien prédateur. L’hypothèse des coprolithes (excréments fossilisés) ne tenait en effet pas, car ces derniers ne proposent que des contenus entièrement digérés, ce qui n’était pas le cas ici.

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La régurgitalite contient près d’une douzaine d’ossements provenant d’au moins deux espèces d’amphibiens. Crédits : John Foster
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Interprétation d’artiste d’un poisson régurgitant une grenouille. Crédits : illustration de Brian Engh

Bien qu’il y ait eu un certain nombre de découvertes enregistrées de régurgitalites à travers le monde, il s’agit ici du premier exemple connu dans la formation de Morrison. Il n’y a pour le moment aucun moyen de savoir exactement quelle espèce a vomi son repas il y a des millions d’années, mais les chercheurs pensent qu’il pourrait s’agir d’un poisson ou d’un mammifère semi-aquatique.