L’usure des pneus est beaucoup plus polluante que les gaz d’échappement

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Une étude portant sur des véhicules de plus d’une dizaine de marques différentes a permis de conclure que l’usure des pneus est environ 2 000 fois plus polluante que les gaz d’échappement. Ces résultats reviennent à dire que les pots d’échappement deviennent de meilleurs élèves d’un point de vue environnemental.

Des centaines de milliers de tonnes de caoutchouc

En 2020, une étude norvégienne avait creusé un sujet assez méconnu : la production de microplastiques par le transport routier. Plus précisément, il s’agissait d’évaluer les rejets de particules d’usure des pneus (TWPs) ainsi que de particules d’usure des freins (BWPs). Or, pas moins de 50 000 tonnes de microplastiques finiraient leur course dans les océans chaque année, soit un tiers des microplastiques aériens provenant de l’usure des pneus et des freins. Dans un article du 3 juin 2022, le quotidien britannique The Guardian a relayé une autre étude, menée cette fois par la société indépendante Emission Analytics. Les chercheurs ont affirmé que les pneumatiques généreraient une pollution 2 000 fois plus importante que celle émanant des pots d’échappement à cause de leur frottement sur la route.

« Nous sommes arrivés à une quantité ahurissante de matériaux rejetés dans l’environnement : 300 000 tonnes de caoutchouc de pneus au Royaume-Uni et aux États-Unis chaque année, uniquement provenant des voitures et camionnettes », a déclaré Nick Molden, principal meneur des travaux.

Le fait est que ces particules sont toxiques, parfois cancérigènes, et se retrouvent un peu partout : dans l’air, les sols et évidemment les eaux. De plus, le danger pour la santé humaine est bien réel, car leur taille est inférieure à 23 nanomètres. Cela permet aux particules de passer dans le corps humain et d’atteindre les organes en passant par la circulation sanguine.

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Vers une réglementation stricte ?

Pour Emission Analytics, les pots d’échappement font désormais office de bons élèves en matière d’environnement. En effet, les automobiles sont aujourd’hui très bien équipées en filtres antipollution. De plus, les véhicules les plus récents respectent parfaitement les normes et sont même souvent très en dessous des limites. Aujourd’hui, les pots d’échappement sont si propres que si cela avait été le cas dès le début, il n’y aurait jamais eu besoin de les réglementer.

Suite à ces travaux ayant porté sur des voitures de quatorze marques différentes, Emission Analytics plaide désormais pour la mise en place d’une réglementation stricte concernant les particules ultrafines. Il faut dire qu’en Europe et aux États-Unis, ce type de réglementation est inexistante. Par exemple, il pourrait s’agir de fixer une limite permettant de changer les pneus plus rapidement afin de limiter les rejets de particules.