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Ces usines ont pour but de produire de l’essence grâce à l’éolien

Alors que la notion de transition énergétique est plus que jamais évoquée ça et là, un curieux projet a vu le jour dans l’extrême sud de la Patagonie et un autre du même type sera bientôt lancé au Texas. D’importantes sociétés ont en effet financé la création d’usines dont l’objectif est de produire de l’essence à l’aide du vent.

Des usines pour produire de l’essence grâce à l’éolien

En 2022, le géant pétrolier Shell a été vivement critiqué pour le manque criant de résultats de son usine de capture de CO2 située au Canada. La multinationale, qui a énormément communiqué en matière d’écologie, avait annoncé vouloir capter efficacement le dioxyde de carbone provenant d’une seconde usine produisant de l’hydrogène. Malheureusement, le bilan est catastrophique : l’installation a capturé 4,8 millions de tonnes de CO2 alors que pas moins de 12,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre ont été émises.

Une autre aberration a récemment fait parler d’elle, détaillée dans un article publié par le magazine Forbes. En Patagonie, côté Chili, une étrange usine a vu le jour, notamment financée par le constructeur automobile allemand Porsche et la société parapétrolière américaine Baker Hughes. L’installation a un objectif très surprenant, à savoir produire de l’essence grâce à l’éolien. L’usine baptisée « Haru Oni » et gérée par la société Highly Innovative Fuels Global (HIF Global) a donc pour but de produire une « essence plus verte ». Pourtant, les gaz d’échappement continueront de rejeter du CO2, certes en quantité moindre.

Dans les faits, le vent fait tourner des électrolyseurs permettant de séparer l’hydrogène de l’eau. Ensuite, l’hydrogène s’associe à du CO2 pour générer une réaction produisant des hydrocarbures synthétiques de type gazole qu’il est assez difficile de différencier du carburant d’origine fossile.

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Des doutes sur la viabilité des projets de HIF Global

Le choix du lieu d’installation est ici assez logique. Dans la pointe sud de la Patagonie, les airs froids de l’Antarctique et chaud du Pacifique se rencontrent et génèrent des vents très forts. Ainsi, les turbines de l’usine affichent un taux d’efficacité avoisinant les 75 %. À titre de comparaison, les fermes éoliennes du Texas (États-Unis) affichent un taux d’efficacité moyen de 45 %. HIF Global ambitionne donc d’installer des milliers de turbines dans cette région reculée du globe, ce qui pourrait à terme permettre au Chili de devenir un très important exportateur de gazole synthétique.

Toutefois, la première usine de HIF Global destinée à l’exportation mondiale devrait tout de même voir le jour au Texas, plus proche des raffineries et plateformes chimiques de grande ampleur. L’usine en question devrait produire 14 000 barils par jour. Toutefois, elle sera très gourmande en électricité, à savoir 2 000 mégawatts de manière constante. De plus, le projet ne sera viable qu’avec l’installation d’un millier de turbines, ce qui paraît beaucoup.

Enfin, cela pose évidemment la question du coût. En considérant les conditions de la future usine texane, pas moins de 9 kg de CO2 seront nécessaires pour produire 3,7 litres de gazole synthétique. Cependant, la technologie permettant de récupérer le CO2 est très onéreuse, à savoir environ 250 dollars pour une tonne. En outre, un litre de ce gazole devrait coûter cinq dollars à la production, en tout cas au début du projet. En prenant en compte ces différentes informations, il est assez difficile de penser que cette initiative puisse être positive, à la fois sur les plans économique et écologique.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.