En 1989, la sonde spatiale Voyager 2 de la NASA nous avait fourni les premières images de Neptune, la planète la plus éloignée du Soleil. Comparée à Uranus, sa voisine, Neptune apparaissait alors d’un bleu profond, tandis qu’Uranus semblait plus pâle. Les deux planètes, bien que similaires en taille et en composition atmosphérique, semblaient donc présenter des nuances de bleu différentes, suscitant la curiosité des scientifiques. Une nouvelle analyse des images de Voyager 2 suggère que les deux géantes de glace ont en réalité une teinte similaire.
Deux planètes similaires, sauf en apparence
Lancée en 1977, la sonde spatiale Voyager 2 de la NASA est passée à proximité d’Uranus en janvier 1986. Cette rencontre historique aura fourni des données cruciales sur la composition atmosphérique, la structure interne et les anneaux d’Uranus, révélant des détails fascinants sur cette planète géante de glace.
En août 1989, Voyager 2 avait continué sa mission en effectuant un survol rapproché de Neptune, la huitième et dernière planète du système solaire à l’époque. Les images et données recueillies lors de cette rencontre avaient alors permis aux scientifiques de découvrir de nouvelles caractéristiques de Neptune, y compris sa Grande Tache sombre et des détails sur son atmosphère dynamique.
Ces survols successifs auront ainsi enrichi notre compréhension des caractéristiques uniques d’Uranus et Neptune. Ils auront également posé les bases pour de futures découvertes et recherches dans le domaine de l’astronomie planétaire.
Par ailleurs, les deux planètes les plus éloignées du Système solaire partagent une structure étonnamment similaire. En les imaginant, pensez à un petit noyau rocheux enveloppé d’un manteau de glaces composé d’eau, d’ammoniac et de méthane. Ajoutez à cela une atmosphère gazeuse principalement constituée d’hydrogène, d’hélium et de méthane, puis couronnez le tout d’une haute atmosphère en couches.
Sur le papier, ces deux « géantes de glace » semblent presque identiques. Cependant, une différence majeure émerge dès que l’on observe leur teinte. Alors que Neptune arbore un bleu azur captivant avec de multiples tempêtes, Uranus présente un visage pâle et dénué de traits distinctifs. Pendant longtemps, les scientifiques ont eu du mal à expliquer ces différences… peut-être parce qu’il n’y en avait pas ?

Une teinte similaire
À la fin des années 1900, les images d’Uranus et de Neptune enregistrées par Voyager 2 étaient en couleurs uniques, combinées pour créer des images composites montrant les planètes respectivement cyan et azur. Alors que les images publiées d’Uranus ont été traitées à proximité de sa vraie couleur, les premières images de Neptune ont été « étirées et améliorées » pour afficher ses nuages, ses bandes et ses vents, « et donc rendues artificiellement trop bleues« , détaille Patrick Irwin, de l’Université d’Oxford, dans un communiqué.
Une analyse des données provenant du télescope spatial Hubble et du Very Large Telescope de l’Agence spatiale européenne a récemment permis de rectifier cette perception erronée.
Il est finalement ressorti qu’Uranus et Neptune partagent une nuance similaire de bleu verdâtre. Celle-ci résulte de la présence de méthane dans leurs atmosphères qui absorbe la couleur rouge de la lumière solaire.

Même si les deux planètes partagent une teinte de bleu, Uranus apparaît légèrement plus blanche. Cette différence pourrait s’expliquer par l’atmosphère « stagnante et lente » de la planète, permettant à la brume de méthane de s’accumuler davantage, réfléchissant ainsi plus fortement les parties rouges de la lumière solaire que Neptune.
En outre, Uranus semble subir des variations de couleur au cours de son orbite de 84 ans autour du Soleil. Des observations entre 1950 et 2016 suggèrent que la planète devient plus verte lors des solstices et plus bleue lors des équinoxes. Les chercheurs estiment que cette variation de couleur est due à une concentration variable de méthane, plus élevée à l’équateur qu’aux pôles.
Cette étude approfondie met ainsi fin à la perception erronée de la couleur de Neptune et explique les changements inhabituels de couleur d’Uranus, offrant une compréhension plus précise des caractéristiques atmosphériques de ces planètes lointaines.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.